D’abord le grand-père, puis le fils, l’épouse du fils et ensuite les petits-enfants : les Moreau ont les affaires dans le sang. Métal Moro, c’est l’histoire d’une entreprise familiale sur 60 ans et 3 générations, avec en son cœur la transmission du savoir et la vision d’aller plus loin. Portrait.
Si, selon la légende, Apple et Microsoft sont nées dans un garage, c’est dans un sous-sol de Montmagny que Jean-Noël Moreau a fabriqué ses premiers escaliers et garde-corps en fer forgé – et ça, ce n’est pas une légende.
On est en 1963.
Dans les premiers temps, la clientèle provient du voisinage, puis, peu à peu, le bouche-à-oreille fait son œuvre. Le mot se répand, la clientèle s’élargit, et ce qui n’était alors qu’un passe-temps devient finalement un métier à temps plein : Moreau Fer Ornemental voit officiellement le jour dans un atelier de 600 pieds carrés, construit expressément pour l’occasion.
La croissance est au rendez-vous et les idées de grandeur prennent forme : c’est qu’on voit grand, chez les Moreau.
Mais comment passe-t-on d’un travail de précision sur des escaliers résidentiels à d’immenses structures d’acier pour des entrepôts, des édifices et des usines ?
Avec de la vision
Cette vision, c’est Marc Moreau, le fils de Jean-Noël, qui l’amène avec lui. Il intègre l’entreprise en 1978. Les journées sont longues, le travail ardu, mais le jeune Marc a le cœur à l’ouvrage. La détermination et la passion font le reste.
Sous son impulsion, l’entreprise change de nom pour Métal Moro en 1981. Ce nom incarne davantage la nouvelle réalité de l’entreprise.
Métal Moro obtient de plus en plus de contrats pour le renforcement de bâtiments et les métaux ouvrés. L’entreprise se transforme, grossit et embauche du personnel pour répondre à la demande.
En parallèle, le caractère familial se renforce : en 1989, Gina Fréchette, la conjointe de Marc, fait son entrée au sein de l’entreprise à titre de responsable de la comptabilité.
En 1996, le fondateur cède les rênes de la compagnie à Marc. Trois ans plus tard, l’entreprise emménage dans sa nouvelle usine de 8 300 pieds carrés, capable d’accueillir les immenses poutres qui sont commandées à Métal Moro. Au cours des 20 dernières années, l’entreprise familiale a agrandi quatre fois ses installations.
C’est en 2003 que le fils de Marc, Étienne Moreau, l’actuel président, a fait ses débuts dans l’entreprise, suivi en 2008 de Catherine, sa sœur, aujourd’hui vice-présidente – sans oublier leur mère, qui est directrice générale.
En 2023, 27 employés travaillent dans des installations de 25 000 pieds carrés.
Un beau succès qui dure depuis 60 ans, et qui s’étend sur 3 générations.
Un succès qui a donné envie à Evol de s’entretenir avec la vice-présidente, Catherine Moreau.
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Evol – Catherine, votre frère Étienne et vous avez racheté en juin 2022 l’entreprise de votre père. Comment se sont déroulées les négociations ?
Catherine – Les négociations se sont super bien passées. Ça faisait 2 ou 3 ans que mon père songeait à prendre sa retraite, donc ce n’était pas une surprise. Nous avons pris notre temps pour nous assurer que tout se fasse dans les règles de l’art. Nous avons été très bien accompagnés, et rapidement le plan de match est devenu clair pour tout le monde. Les procédures administratives (nous avons signé des montagnes de documents !) ont ensuite duré environ 6 mois.
Evol – Quel est le secret d’une bonne reprise familiale à votre avis?
Catherine – Je ne peux pas parler pour d’autres, mais dans notre cas, je crois que la clé a été la transparence. Tout le monde a été franc avec tout le monde, ce qui a énormément aidé à évoluer dans un climat de confiance du début à la fin. Toutes les parties prenantes avaient avantage à ce que les choses se passent bien, et c’est ce qui est arrivé.
Evol – Quel est votre rôle au sein de l’entreprise?
Catherine – Étienne est arrivé en 2003, il connaît l’entreprise de fond en comble. Il est logique qu’il en soit le président. Moi je suis là depuis 2008, mais à temps plein depuis 2015. Je m’occupe de tout ce qui touche à la comptabilité, à l’administration, au transport, à la logistique. Mais il faut bien comprendre que même si nous avons plus de 35 employés, ça demeure une relativement petite entreprise, où chacun et chacune est un peu touche-à-tout.
Evol – Vous faites partie de la première cohorte du parcours Essence-Repreneur·e·s, organisé en collaboration avec Oria et soutenu par Desjardins. Qu’est-ce que le programme vous apporte?
Catherine – Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre, mais finalement, c’est super intéressant et utile. Il faut comprendre que je n’ai rien connu d’autre comme entreprise que la nôtre, je ne peux pas facilement comparer. Et parmi les entrepreneur·es autour de moi, rares sont ceux et celles qui ont racheté l’entreprise de leurs parents.
Donc la première chose que le parcours m’a permis, c’est de connaître d’autres dirigeantes dans ma situation. J’ai constaté que les défis que j’avais, pas mal tout le monde les avait dans des contextes différents : des défis comme jeune entrepreneure, comme femme entrepreneure et comme repreneuse d’une entreprise familiale. Nous échangeons sur les difficultés, nous cherchons des solutions en groupe, nous nous aidons, conseillons et appuyons.
Tout cela est extrêmement positif et m’apprend beaucoup. Je suis sûre que je suis une meilleure entrepreneure aujourd’hui grâce au programme.
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Avec ses nouveaux gestionnaires, inspirés et inspirants, l’avenir de Métal Moro s’annonce aussi brillant que son passé.