Si l’on vous parle de friperie, quelle image vous vient en tête ? Est-ce celle d’un sous-sol d’église, sombre et encombré de bric-à-brac du sol au plafond ? Si c’est le cas, laissez-nous vous démontrer que toutes les friperies ne correspondent pas à ce modèle, bien au contraire. La friperie Notre-Dame fracasse toutes les conventions en matière d’achat de seconde main.
Le début de l’histoire
Andrew Harriott et Chloé Boudreau, les propriétaires de la friperie Notre-Dame, sont des passionné·es de friperies et de voyages. Andrew est originaire de Newcastle, une petite ville britannique, située en région de l’Angleterre du Nord-Est. Avec la ferme intention de se découvrir lui-même et de découvrir le monde, Andrew a eu l’envie de voyager et est venu au Canada, qu’il a parcouru de la Colombie-Britannique jusqu’à Terre-Neuve. En autostop.
Ça en fait, des kilomètres ! Et Andrew a savouré chaque paysage et chaque rencontre, et souhaitait aller encore plus loin dans sa découverte des autres. Alors qu’il se dirigeait vers le Québec, les bons samaritains qui l’avaient embarqué lui ont dit que, s’il voulait apprendre le français, c’est au Saguenay‒Lac-Saint-Jean qu’il devait aller.
C’est donc dans cette belle région que Andrew s’est dirigé et où il s’est trouvé un emploi dans une entreprise de camionnage. Disons-le, ce type d’immersion a le don de précipiter l’apprentissage d’une langue seconde !
Andrew a évolué dans cette entreprise pour une durée d’environ six mois avant de reprendre la route pour poursuivre son voyage. Doté d’une nouvelle certitude, celle qu’il adorait le Québec.
C’est à cette époque qu’il a fait la connaissance de celle qui allait ravir son cœur, Chloé Boudreau.
Ayant grandi à Lachine, Chloé a rapidement compris que les voyages forment la jeunesse ! De nature curieuse et ouverte, il était évident pour elle qu’elle allait voyager avant de poursuivre des études universitaires et d’entreprendre une carrière. C’est ainsi qu’au moment de quitter le giron familial, elle part à l’aventure. Découvertes, autostop, rencontres, visites et émerveillement ont constitué son quotidien pendant plusieurs mois, pour son plus grand plaisir.
Alors, quand elle a croisé le regard d’Andrew pour la première fois, tous leurs atomes crochus se sont manifestés ! Semblables au niveau de leurs valeurs, de leurs champs d’intérêt et de leurs expériences, Chloé et Andrew se sont reconnu·es, sont tombé·es sous le charme et ne se sont plus jamais lâché·es.
Rayonnant et intrépide, ce couple d’amoureux s’est lancé dans une grande aventure et a voyagé au Canada, en Europe et en Afrique, sac au dos, sourire aux lèvres et bonheur au coeur.
Emplois dans des fermes, des hôtels, des bars, des restaurants et autres ; notre jeune couple a multiplié les expériences qui lui ont permis de disposer des fonds nécessaires à la poursuite de leur aventure.
Un des nombreux traits communs d’Andrew et de Chloé était leur amour des friperies. Une vraie passion. Le couple s’est même donné le défi de visiter chacune des friperies de chacune des villes visitées, jusqu’au moment de revenir au Québec.
Au Québec ? Oui, oui ! C’est bien dans la belle province que Andrew et Chloé ont choisi de se poser. C’est que Andrew est tombé amoureux non seulement de Chloé, mais aussi du Québec et, tenez-vous bien, de la langue française !
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Des ordures en or
Le grand voyage est fini, du moins pour le moment, et le temps est à la planification de la suite des choses. Installé dans son quartier favori de Montréal, Notre-Dame-de-Grâce, le couple reprenait le rythme de Montréal et de la vie sédentaire. Encore indécise quant à son avenir, Chloé a entrepris des études en durabilité et en environnement humain, tandis que Andrew, sans statut de résidence permanente, complétait des cours de francisation.
Ensemble depuis huit ans, et marié·es depuis six, Andrew et Chloé ont débuté leur projet sans même le savoir, en ramassant des meubles et des objets mis aux ordures. Au départ, c’était seulement les meubles qui étaient ramassés. Après avoir été remis à neuf, ces meubles et objets étaient vendus sur les plateformes numériques de ventes connues, telles que Kijiji ou Marketplace.
À un tel point que leur logement s’est retrouvé rempli de meubles et d’objets qui attendaient une remise à neuf, car Chloé et Andrew n’arrivaient pas à tenir le rythme.
Bien que l’entrepreneuriat n’ait jamais fait partie de leur plan de vie, la situation les a amené·es à envisager cette option. Après un court moment, les tergiversations prennent fin et le couple décide de faire de la vente d’articles de seconde main un plan de carrière.
L’argent : le nerf de la guerre
D’abord, il fallait trouver un local adéquat pour leurs activités. Les futur·es entrepreneur·es ont choisi Lachine comme emplacement, car il ne leur faisait aucun doute que la communauté locale avait un réel besoin d’une alternative aux sites d’enfouissement.
Mais, pour louer un local commercial, ça prend des sous. De son propre aveu, à cette époque, le couple possédait peu. Probablement trop peu pour convaincre une institution financière d’embarquer dans le projet.
N’écoutant que leur courage, les complices ont évalué leurs possibilités et trouvé un programme financier destiné aux nouveaux et nouvelles arrivant·es. Pour s’en prévaloir, le couple a parcouru toutes les ressources disponibles sur le Web pour monter un plan d’affaires à la hauteur de leurs ambitions. Objectif plus qu’atteint, car la conseillère qui a reçu leur demande de financement leur a même dévoilé que leur plan d’affaires était l’un des meilleurs plans d’affaires amateurs qu’elle ait reçus !
Lors du premier rendez-vous, la conseillère s’est déplacée directement dans leur appartement. Il fallait maintenant lui démontrer la viabilité du projet. Dans l’encombrement généralisé de leur appartement, Andrew et Chloé devaient démontrer hors de tout doute que leur idée était bonne, qu’un marché existait pour ce type de commerce et, par-dessus tout, que le prêt pourrait être remboursé.
« On ne connaissait rien en affaires, on était juste tellement motivé·es ! », s’exclame Chloé.
C’est contre toute attente que leur demande de prêt a été acceptée. Avec cette promesse de financement en poche, il leur était maintenant possible de signer le bail du local convoité, d’une superficie de 1700 pieds carrés.
Nous sommes en février 2020. Le mois suivant arrivait la pandémie de COVID-19 avec, dans la foulée, la fermeture des commerces non essentiels.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, c’est alors que l’institution financière ayant approuvé le prêt de Chloé et Andrew a choisi d’attendre que leur commerce puisse ouvrir à la clientèle avant de procéder à la remise des fonds.
Le couple se retrouve ainsi responsable d’un loyer commercial, sans possibilité de revenus. Cela pourrait probablement décourager les plus hardi·es, mais c’était sans compter sur l’entêtement dont fait preuve notre couple de presque entrepreneur·es.
« On est entêté·es. On sait ce qu’on veut ! », confie Andrew.
Qu’à cela ne tienne, les ventes sur Internet se sont maintenues et même accélérées. Pendant une année, Chloé et Andrew offraient même la livraison, qui se faisait à vélo entre leur domicile de Notre-Dame-de-Grâce et leur local de Lachine ! Cette détermination leur a permis de ne pas perdre leur local, ni leur logement d’ailleurs, et même de générer un petit revenu en attendant que la conjoncture redevienne favorable aux commerces de détail.
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Un, deux, trois locaux
Lorsqu’il leur a enfin été possible d’ouvrir leur commerce, la friperie Notre-Dame, les client·es étaient au rendez-vous et les ventes ont dépassé leurs espérances. De plus en plus connu·es dans leur communauté, les entrepreneur·es ont commencé à recevoir sur le pas de leur porte toutes sortes d’objets dont les gens voulaient se départir. Ces objets étaient récupérés, nettoyés, remis à neuf et vendus à un rythme effréné, mais force était de constater que l’espace disponible pour ce faire ne suffisait plus.
Victime de son succès, le couple a rapidement dû se mettre à la recherche d’un plus grand local et a jeté son dévolu sur un bel espace de 3000 pieds carrés dans le même quartier.
À ce moment, l’emplacement original de la friperie Notre-Dame est devenu un magasin de meubles d’occasion, leur nouveau local quant à lui était destiné à la vente de vêtements, accessoires et articles divers pour les adultes et, sur la même rue, un autre local a été loué pour y vendre les articles pour enfants.
D’un point de vue logistique, cette situation générait un immense travail pour les entrepreneur·es. Il fallait trier les dons pour ensuite apporter les bons objets au bon endroit. Rapidement, Andrew et Chloé, qui travaillaient sans relâche 7 jours par semaine, ont compris que ce rythme ne pourrait pas être tenu longtemps, car il allait venir à bout de leur santé.
Maintenant habitué, le couple s’est mis à la recherche du parfait local. Suffisamment grand pour y disposer toutes les catégories de marchandise, des meubles aux jouets. La chance était de leur côté, l’emplacement a été trouvé, celui où se situe actuellement la friperie Notre-Dame, et le couple a enfin pu souffler un peu.
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De grandes aspirations
Une fois bien installé·es dans leur commerce, Andrew et Chloé ont travaillé d’arrache-pied pour en apprendre plus sur leur domaine, bâtir un système informatisé d’inventaire et d’étiquetage et systématiser leurs opérations afin qu’il soit facile de les répliquer dans un autre commerce.
Cette acquisition de connaissances est très importante pour le couple, car ses projets ne s’arrêtent pas là.
En effet, nos entrepreneur·es sont des passionnés de friperie. Leur objectif principal est de redorer le blason de l’achat de seconde main. Le couple ne se veut pas moralisateur et n’a pas comme intention de pointer les habitudes de surconsommation véhiculées par la société d’aujourd’hui. Seulement de montrer aux gens que cette avenue existe et de les inciter à l’envisager au moment d’acheter un bien. La friperie Notre-Dame, avec ses départements bien rangés, décorés et aérés, ne ressemble en rien aux fameux sous-sols d’église, et rend le magasinage agréable et facile.
Le couple est particulièrement heureux et fier de travailler actuellement à l’ouverture d’une toute nouvelle boutique de biens usagés à Notre-Dame-de-Grâce, leur quartier bien-aimé de Montréal. Ce dernier bébé, d’une superficie de 15 000 pieds carrés, a été baptisé Déjà Vu. Avec une grande variété d’objets proposés, cette boutique décorée au goût du jour et regorgeant de trésors à dénicher se veut conviviale et attrayante. Son lancement est prévu en mars 2025.
Le couple évalue aussi la possibilité d’offrir ses services de consultation à quiconque souhaiterait ouvrir une friperie, car n’étant parti·es de rien, sans connaissances ou expériences spécifiques en la matière, Andrew et Chloé ont dû faire preuve de débrouillardise et même d’un certain entêtement afin d’arriver à l’ouverture de leur boutique. S’il leur est possible de faciliter ce trajet pour d’autres futur·es propriétaires de friperie, c’est avec un grand enthousiasme que le couple partagera ses apprentissages.
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Andrew Harriott et Chloé Boudreau se sentent très bien accompagné·es par la directrice régionale de Montréal Sylvie Gasana. Sylvie, c’est bien plus qu’une directrice régionale. C’est une solide alliée. Avec sa chaleur humaine et son expertise reconnue, elle crée un climat de confiance qui permet aux entrepreneur·es de se développer pleinement. Son approche personnalisée et sa disponibilité sans faille font d’elle une référence dans le milieu.
Grâce à l’engagement de précieux partenaires : Économie Québec, par l’entremise de son mandataire Investissement Québec, le gouvernement du Canada, la Banque Nationale, la Banque de développement du Canada (BDC), le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, Evol dispose d’une enveloppe d’envergure pour soutenir, par le biais de prêts conventionnels, des entreprises à propriété inclusive et diversifiée, générant des impacts sociaux et environnementaux positifs alignés sur les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD).