Développement durable : le mot est sur toutes les lèvres depuis de nombreuses années. Pourtant, même en 2020, seule une minorité d’entreprises québécoises avait réalisé une démarche formelle en DD.
C’est qu’au-delà de la théorie et des bons principes, il y a la réalité terrain : nombre de dirigeants et dirigeantes ne savent pas trop comment s’y prendre pour implanter des pratiques écoresponsables.
Dominique Cyr, MBA en responsabilités sociale et environnementale des organisations, est rattaché au CIRADD, le Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable. À titre de spécialiste dans l’intégration du développement durable aux fonctions stratégiques des entreprises, son rôle est de transformer les bonnes intentions en actions
Qu’est-ce qu’une démarche de développement durable ?
Avant toute chose, précisons de quoi on parle. La Commission mondiale sur l’environnement et le développement propose la définition suivante du développement durable : il s’agit d’un « développement qui répond aux besoins actuels, sans nuire à la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
La notion de développement durable est tridimensionnelle, et chacun des trois volets est fondamental dans l’équation :
- la dimension environnementale
- la dimension sociale
- et la dimension économique.
Autre chose, nous dit Dominique Cyr : il faut savoir distinguer entre une « simple » pratique de gestion écoresponsable (ce qui est déjà beaucoup) et une démarche stratégique, nettement plus ambitieuse.
La pratique de gestion écoresponsable répond ponctuellement à un enjeu social, environnemental ou économique spécifique. On peut penser ici au recyclage, à la gestion responsable de l’énergie, au compostage.
La démarche stratégique, elle, intègre le DD à tous les échelons du modèle d’affaire de l’entreprise : la mission, les valeurs, les produits et services, la production, etc., selon une approche transversale. Plus englobante, elle répond à des exigences plus élevées. De plus, l’entreprise doit :
- mettre formellement par écrit son engagement
- rendre des comptes régulièrement sur la progression de ses activités de DD
- et inscrire au moins une pratique écoresponsable dans chacune des trois dimensions du développement durable mentionnées plus haut.
Au Québec, à peine 3,5 % des organisations se sont officiellement engagées dans une démarche stratégique en lien avec le DD (contre plus de 80 % qui revendiquent au moins une pratique écoresponsable).
Pourquoi embrasser le développement durable ?
Bien sûr, on peut évoquer le devoir moral : personne n’ignore l’urgence climatique et les conséquences de chaque geste quotidien. Mais au-delà de cet angle éthique, être écoresponsable pour une entreprise comporte de nombreux avantages.
Il a été démontré que les positions favorables au développement durable étaient un élément différenciateur aux yeux des consommateurs. Lors d’une étude du Laboratoire de l’action climatique, 86 % des Québécois·e·s sondé·e·s ont répondu par l’affirmative à l’énoncé suivant : « Si je considère qu’une entreprise réalise des actions concrètes, crédibles et significatives en faveur du climat, je suis plus susceptible d’acheter ses produits plutôt que ceux d’une autre marque. »
Le climat est aussi un sujet sensible pour les candidats et candidates engagé·e·s dans un processus de recrutement. Les jeunes surtout ont des attentes concrètes envers leur futur employeur : ils et elles souhaitent que l’organisation respecte des principes clairs en matière d’écoresponsabilité.
L’émergence des aides financières
Au fil des dernières années, de nombreux programmes et organismes ont vu le jour avec la mission expresse d’aider les entreprises à s’engager dans la voie du développement durable.
Dominique Cyr mentionne Compétivert, une initiative d’Investissement Québec; le Fonds Écoleader, parrainé par des joueurs importants du DD au Québec; et le programme Moins c’est plus, un projet conjoint de La Ruche et Recyc-Québec.
Notre conférencier rappelle en outre qu’Evol, dans ses critères de sélection pour du soutien financier, allait dorénavant favoriser les entreprises promettant de générer « des impacts sociaux et environnementaux positifs alignés sur les objectifs de développement durable de l’ONU ».
On le voit, l’aide est là, les avantages aussi.
Des modèles dont s’inspirer
Au-delà de l’argent, il y a le savoir-faire. Comme le DD est récent pour la grande majorité des organisations, divers modèles ont été créés pour aider les entreprises à structurer leur approche.
On peut s’inspirer de l’ONU et de ses 17 Objectifs de développement durable; de l’approche proposée par BNQ 21000; ou encore des guides et outils du MEI.
Dominique Cyr s’attarde à l’approche du Réseau entreprise et développement durable, le REDD, qui cherche à faire le pont entre la recherche et les entreprises pour faire avancer le développement durable.
Le modèle du REDD est constitué de 3 phases, lesquelles correspondent à autant de niveaux de maturité des organisations face au développement durable.
- Phase 1 : l’optimisation opérationnelle, où on met l’accent sur l’écoefficacité, et qui consiste essentiellement à mieux faire les mêmes choses.
- Phase 2 : la transformation organisationnelle, qui vise la création de nouveaux produits, services ou modèles d’affaires qui bénéficient aux gens ou à l’environnement.
- Phase 3 : l’élaboration de systèmes, qui entraîne des changements sociétaux – il s’agit de projets impossibles à réaliser seul de par leur nature même. Les initiatives d’économie circulaire en sont un bon exemple.
Le développement durable sera durable : c’est une tendance qui est là pour rester, et heureusement, pour nous comme pour les générations à venir.
Selon une étude d’Ernst & Young, citée par Dominique Cyr, 69 % des consommateurs et consommatrices canadiennes estiment qu’il appartient aux entreprises de résoudre les enjeux liés au développement durable.
Qu’on soit d’accord ou non avec cette position, force est de reconnaître que les entreprises ne peuvent demeurer indifférentes face à leurs obligations en cette matière. C’est vrai aujourd’hui, ce le sera encore davantage demain.
Ce présent article a été rédigé suite au visionnement du webinaire «Améliorer vos pratiques environnementales» animé par Dominique Cyr. Cette présentation indique la voie à suivre pour débuter une réflexion sur la mise en place de nouvelles pratiques.
En partenariat avec Cascades, Evol présente une série de 3 dîners-conférences pour vous aider à devenir une entreprise responsable aux niveaux social, environnemental et économique. C’est avec grand plaisir que nous vous invitons à regarder les enregistrements disponibles dans la section Boite à outils. Bonne écoute !
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Fondée en 1964, Cascades propose des solutions durables, innovantes et créatrices de valeur en matière d’emballage, d’hygiène et de récupération. L’entreprise compte approximativement 10 000 femmes et hommes travaillant dans un réseau de près de 80 unités d’exploitation situées en Amérique du Nord.
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Issu du domaine de l’administration des affaires et détenteur d’un MBA en responsabilités sociales et environnementales des organisations de l’Université Laval, Dominique Cyr a développé une expertise dans l’intégration du développement durable aux fonctions stratégiques des entreprises. Après plusieurs années à Québec et à Montréal où il a été conseiller en développement durable pour différentes organisations dont Revenu Québec, le CHU de Québec, Sobeys Québec et l’Université Laval, il a fait un retour aux sources en 2018 en s’établissant dans sa région natale, la Gaspésie. En 2020, il s’est joint au CIRADD, un centre de recherche spécialisé en développement durable et en innovation sociale, où il accompagne les organisations voulant innover grâce au développement durable. Ses champs d’intérêt sont l’intégration du développement durable aux modèles d’affaires, le management responsable, et l’écoentrepreneuriat. Depuis 2019, il est également chroniqueur pour Radio-Canada ICI Première Gaspésie-les-Îles, où il aborde les sujets d’innovation en développement durable.