Fondée à Montréal en 2006, Déclic est une remarquable ressource d’aide à l’enfance – des premiers mois de vie jusqu’à 12 ans – qui offre des services d’orthophonie, d’ergothérapie, de psychoéducation et d’éducation spécialisée. Ce programme d’intervention éducative particulièrement agile est offert en clinique ou en télépratique, et il accompagne aussi les enfants dans leur milieu de vie, à la maison, à la garderie ou à l’école.
Comment le déclic s’est produit
Au début des années 2000, Cadleen travaille comme éducatrice en garderie lorsqu’elle fait un constat troublant : les besoins en intégration des enfants qui font face à des difficultés d’apprentissage sont criants. « On m’a demandé si j’accepterais d’accueillir dans mon groupe un enfant atteint de la spina bifida. Je ne voyais pas de problème – pourquoi est-ce que j’aurais dit non ? – et j’ai demandé ce que cela allait impliquer. Lorsqu’on m’a expliqué que j’allais devoir poser un cathéter et qu’on m’a informée sur les risques liés à la santé de l’enfant, j’ai su que j’allais devoir être guidée, mais j’ai eu envie de relever le défi. » Une expérience qui lui a permis de mesurer ses forces et d’apprécier à sa pleine mesure le processus d’inclusion des enfants atypiques dans les milieux où le développement de la majorité suit un parcours typique. « J’ai réalisé que je voulais faire ça, dans la vie ! »
Cadleen étudie à la maîtrise en psychopédagogie, puis travaille dans un centre de placement pour intervenants en milieu psychosocial. L’idée de démarrer Déclic germe, fait son chemin, et elle décide de passer à l’action. « Lancer mon entreprise, c’était pour moi une façon concrète de devenir un acteur de changement pour créer une société plus inclusive. » Preuve que son diagnostic sur les besoins en soutien éducatif visait juste, Déclic connaît une croissance rapide et devient une véritable référence en intervention éducative.
Une mission éducative chargée de sens
Lorsqu’elle se réveille les matins de semaine (et probablement les week-ends !), la PDG de Déclic est consciente du fait que la journée qui s’annonce servira à soutenir une cause importante. « Je sais que je contribue à rendre le monde meilleur et, surtout, à aider au moins un enfant non seulement dans sa progression académique, mais aussi dans son cheminement vers l’acceptation de soi. Ça n’a pas de prix. »
L’entreprise de Cadleen répond à plusieurs objectifs de développement durable de l’ONU, dont un tout spécialement: offrir une éducation de qualité, dans son cas à des enfants aux besoins particuliers. « Je porte en moi un grand rêve, celui de participer à un plan global pour éradiquer la maltraitance envers les enfants et pour promouvoir l’éducation auprès des populations les plus vulnérables. En fait, j’aimerais entamer une discussion mondiale sur l’inclusion avec les Nations Unies. » Rien de moins !
La symbiose entre vie de famille et entrepreneuriat
Mère de trois enfants, Cadleen a une vision à contre-courant de la conciliation travail-famille. « Au départ, lancer Déclic a été un choix de vie, un choix de couple. Mon conjoint, qui partage ma vision des choses, m’a dit : fais ce qui te passionne, le reste suivra. » Les enfants sont arrivés, le couple a gardé le cap sur cet objectif. « Déclic n’est pas le travail de maman. Déclic fait partie de notre mode de vie, et on fait ce qu’on aime dans la vie. Ça nous énergise. »
Une mission : célébrer la différence
Cadleen déplore que les élèves, peu importe leurs besoins, doivent encore aujourd’hui emprunter un cheminement scolaire rigide, ancré dans des traditions qui n’ont plus rien à voir avec la réalité. « Le secteur de l’éducation des enfants n’a malheureusement pas vraiment évolué. Tu sais, dans ma jeune vie de femme de 40 ans, j’ai connu le téléphone à cadran rotatif, le téléavertisseur, les premiers cellulaires à clavier, le iPhone. Mais la classe de maternelle que j’ai fréquentée ressemble beaucoup à ce qui attend mes enfants quand je vais les conduire à l’école. »
Ce qui la dérange avant tout, ce sont les étiquettes que l’on appose sur les jeunes, comme l’autisme ou le TDAH, parce qu’ils n’entrent pas dans les cases imposées par le cadre scolaire. Elle affirme qu’il faut faire preuve d’ouverture plutôt que de classer les enfants dans des catégories qui peuvent les stigmatiser, et suggère de considérer les différences comme des forces. « Par exemple, on a de plus en plus besoin de personnes capables de faire de la programmation. Or, il y a des jeunes que nous appelons autistes ou asperger qui peuvent avoir des affinités naturelles avec tout ce qui touche à l’informatique. Si nous pouvions nous efforcer de détecter les forces et les talents de tous les membres de notre société dès leur plus jeune âge, nous serions en mesure de mieux grandir ensemble. Les besoins particuliers peuvent être des forces particulières. »
Tout commence avec l’humain
La PDG qui mise sur les forces des enfants mise aussi sur celles de ses employés. Pour elle, il était impératif de mettre en place un modèle de gestion participatif et respectueux, qui met l’humain au cœur de ses actions, en harmonie avec la mission de l’entreprise. Mais le virage entrepris pour adhérer aux principes des entreprises libérées a présenté son lot de défis. « Il faut se demander pourquoi on fait ça et éliminer la notion de facilité. » Elle a constaté que le chemin menant à l’authenticité est ardu et, surtout, qu’il faut mettre son ego de côté. « Lorsqu’on a une décision à prendre, il faut se demander si on pose des choix pour soi – pour bien paraître, pour se protéger ou pour jouer notre rôle – ou si on les prend pour le bien commun. »
Puisque ce genre de démarche demande un bon exercice d’introspection, Cadleen a consulté une coach. « Elle m’a suggéré de faire un exercice de visualisation à propos de mon équipe. Je lui ai expliqué que je la voyais avancer, que je comprenais sa raison d’être. Elle m’a ensuite demandé où je me situais par rapport à l’équipe, et j’ai constaté que ma place était en arrière, pour encourager tout le monde. » La coach lui a déclaré que ça ne fonctionnait pas, qu’elle devrait plutôt se situer en avant, pour mener. C’est ainsi que Cadleen a appris que son style de leadership était différent. Et très actuel, en fait !
La rentabilité comme moteur d’engagement social
On a souvent répété à Cadleen qu’une entreprise comme Déclic, de par sa nature, se devait d’être à but non lucratif. Elle a toujours été en désaccord. « Au début, j’ai joué le rôle de la cheffe d’entreprise qui détient toutes les solutions et je gardais tout ce qui touchait aux chiffres pour moi. Mais j’ai fait le choix de bâtir un environnement de confiance et de partager les informations financières avec mon équipe en toute transparence. J’ai expliqué que Déclic est un véhicule dans lequel, tous ensemble, on fait soit un tour du bloc, soit un grand voyage. Et que, pour faire ce voyage, il faut pouvoir mettre de l’essence dans la voiture. L’essence, c’est l’argent. Et l’argent, c’est l’énergie qui nous permet de faire durer le voyage aussi longtemps que possible, de viser la pérennité. » On s’en doute, tout le monde est monté à bord. « Ça ne leur disait rien, un tour du bloc ! Aujourd’hui, 15 ans après la fondation de Déclic, nous choisissons collectivement le chemin que nous allons faire ensemble. »
Une citation qui l’inspire
Elle est de l’auteure américaine Marianne Williamson, mais a longtemps été attribuée à Nelson Mandela, qui l’a citée dans le contexte de son discours inaugural : « Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur; notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus. »
Des ambassadrices inspirantes
Pour maximiser la force de l’impact de sa campagne, Evol s’entoure de quatre ambassadrices exceptionnelles, dont les entreprises répondent à plusieurs objectifs de développement durable de l’ONU : Marie-Josée Richer, cofondatrice de Prana (consommation et production responsable) ; Cadleen Désir, fondatrice de Déclic (éducation de qualité) ; Dorothy Rhau, fondatrice d’Audace au féminin (réduction des inégalités) ; et, enfin, Mélissa Harvey, fondatrice de Zorah Biocosmétiques (travail décent et croissance économique).
Pour en savoir plus sur ces femmes aussi motivantes qu’inspirantes, nous vous invitons à les découvrir sur notre blogue – ou en écoutant nos balados animés par Sévrine Labelle, PDG d’Evol. C’est un rendez-vous !