On le sait, la situation entourant la COVID-19 nous a frappé de plein fouet. Nous. Les professionnel·le·s, travailleuse·eur·s, entrepreneur·e·s, parents, hommes, femmes. Tout le monde. En discutant des principaux défis et enjeux à aborder dans le contexte, une collègue a dit « Il faut absolument parler de la charge mentale ! C’est omniprésent dans toutes les conversations que j’ai avec les entrepreneures. »
Parler de la charge mentale… Encore? Et puis, je me suis mise à réfléchir à ma propre situation. J’ai l’immense chance de pouvoir faire mon boulot à distance. Dans le « confort » (ne montrez pas mon bureau à une ergothérapeute, de grâce!) de ma maison et en sécurité. Rachelle, 3 ans et demi, m’accompagne dans mon quotidien depuis maintenant plus d’un mois. J’ai un emploi qui demande de réfléchir, de me concentrer, de rédiger, de communiquer… Pas toujours évident!
Charge mentale, tu dis? Moi j’aurais plutôt envie de parler de DÉcharge mentale.
Le principe de base expliqué
J’ai lu sur Wikipédia que le principe de la charge mentale ménagère a été introduit par Monique Haicault en 1984. Elle décrit alors comment, chez une femme en couple qui travaille, son esprit demeure préoccupé par les tâches ménagères et la gestion du foyer, charge cognitive importante, constituant l’articulation de la double journée que mène celle-ci. Elle met ainsi en avant le fait que la double charge travail/foyer ne se limite pas à une simple addition des contraintes, mais que la femme emmène au travail une partie des tâches à gérer pour le foyer. (…)
Une double journée?
Quand j’ai vu l’expression « double journée », ça m’a frappé. Si, en temps normal, les femmes-mères-travailleuses-entrepreneures ont des doubles-journées, imaginez en ces temps de crise! Elles doivent composer avec le travail à faire et/ou l’entreprise à gérer en plus de devoir amuser-occuper-nourrir-instruire-divertir les enfants à la maison : allô la double journée!
S’ajoute à cela le stress financier que les familles peuvent vivre et, bien entendu, les préoccupations reliées à notre santé et celle de nos proches.
Une situation préoccupante
Nous avons en effet eu quelques confidences à propos de cette difficile conciliation travail-famille.
Sandy nous a écrit en toute transparence : « Je pense que les entrepreneures qui ont de jeunes enfants sont plus à risque en ce moment. Ça fait un mois que je travaille 25 % de ce que je devrais faire. Je me sens cernée et exténuée! »
Marilyne nous a aussi partagé ceci : « Je tente de continuer à travailler de la maison, mais avec une cocotte de 15 mois, ce n’est vraiment pas évident! On garde confiance pour la suite, en espérant que la demande sera au rendez-vous après la crise. »
Mélanie nous a mentionné : « Je ne sais pas comment font toutes ces femmes! Honnêtement, je leur lève mon chapeau! Personnellement, je ne peux pas faire des séances de travail de plus de 60-90 minutes à la fois pour accorder le temps nécessaire à mes enfants. Je dois donc échelonner mon horaire sur 6 ou 7 jours. »
Un concept à réviser
Pourquoi la DÉcharge mentale? J’y viens! En fait, il ne s’agit pas d’un nouveau concept lu quelque part. C’est tout simplement un mot, une expression qui m’est venue en tête lorsque je me suis mise à réfléchir à la situation. Pour moi, la charge mentale vient avec un poids, tant au niveau émotif que cognitif. Une charge qu’on doit porter et qu’on doit contenir. Une réflexion profonde sur l’avenir de mon entreprise, des informations importantes pour une réunion, les préoccupations d’une employée, l’anxiété du plus vieux, (faudrait bien déjeuner!), un rendez-vous virtuel à planifier, un contrat à réviser, un dégât à ramasser (qu’est-ce qu’on mange pour dîner?), une commande à préparer, un fournisseur à contacter, une cliente insatisfaite à rappeler, une couche à changer, le temps d’écran à contrôler (non, pas de biscuits au chocolat, ma chérie!), une rencontre à préparer, deux ou trois courriels à envoyer…
Comment voulez-vous rester « chargée » après tout cela? Comment pouvez-vous espérer tout accomplir avec le même niveau d’énergie qu’avant? C’est là que l’image de la batterie déchargée m’est apparue. Pas la batterie complètement à plat, pas la batterie finie qu’on met au recyclage chez le marchand (oh non! On ne jette pas!). Juste celle qu’on ménage. Par sagesse. Parce qu’on sait que son « jus » ne se renouvellera pas éternellement. Par respect. Parce que c’est trop important pour qu’on puisse la laisser se vider complètement. Trop précieux pour simplement utiliser et jeter.
3, 2, 1… DÉcharger!
Une fois qu’on a pris conscience de cela, pourquoi ne pas décharger un peu? Relâcher… En sortir de notre tête : on y songera plus tard! En sortir de notre to do list : ça ira à demain! Trop de tablette électronique pour ma fille de 3 ans et demi? Et puis après? On parle sans cesse de lâcher prise. Moi, je vous invite à décharger.
Suite à un appel à toutes sur les médias sociaux, Janie nous a partagé ceci : « J’ai arrêté d’essayer de trop gérer ma fille. Je travaille et elle en profite pour faire trop d’écran à mon goût. Mais elle s’ennuie et je dois lui donner le droit d’être déboussolée par les circonstances. On va replacer le tout quand la vie normale va recommencer. »
Marie-Joëlle, elle, reprendra le travail après un congé de maternité. Son plan de match? « Moi et mon conjoint allons travailler de la maison, avec les 3 enfants. On envisage faire chacun un quart de travail. Moi en matinée, papa en après-midi, puis on reprendra une fois toute la marmaille couchée. Est-ce que ça va fonctionner? On verra! »
De son côté, Geneviève fait la belle proposition d’être plus douce avec soi-même : « Regardez tout ce que vous êtes capables de faire! Prenez le temps de le réaliser et de vous féliciter. Acceptez les limites de la situation, sans culpabilité. Et essayez de prendre un moment juste pour vous, chaque jour. »
Anik suit d’ailleurs ce même conseil. En entrevue avec notre PDG et Danièle Henkel dans notre direct « Une fois pour toutes » du mercredi, elle a confié qu’elle se levait chaque matin 15 minutes avant tout le monde pour avoir un peu de temps juste pour elle.
Des solutions
Alors, que ce soit en se réservant du temps pour soi, en mettant le nez dehors, en faisant une activité physique par jour, en s’accordant des journées sans réunion, en remettant des tâches à demain ou en acceptant que les enfants ne suivent pas un horaire parfait… Déchargez.
N’oubliez pas que la solution parfaite est une suite de solutions imparfaites! (Jean François Zobrist)
Je vous souhaite sincèrement tout le meilleur pour la suite des choses!