ÉAU: l’aquaponie au service de l’autonomie alimentaire

Quand la passion se met au service de la communauté, c’est tout le monde qui en profite ! Nous en avons eu la preuve en discutant avec Benjamin Laramée, cofondateur et directeur scientifique de la firme ÉAU.

Autant le dire d’emblée, nous avons été carrément soufflées par la passion véhiculée par Benjamin et par la multitude d’innovations mises sur pied par cette entreprise.

ÉAU (Écosystèmes Alimentaires Urbains), c’est une entreprise qui développe des fermes aquaponiques commerciales qui produisent des aliments frais, sains et locaux toute l’année, quelles que soient les conditions climatiques, et ce, avec une très faible empreinte environnementale.

Est-ce que ça vous parle autant qu’à nous ? Découvrez ÉAU et ses deux cofondateurs passionnés Benjamin Laramée et Julien Le Net.

Portrait des entrepreneurs

Benjamin est, selon ses propres termes, un p’tit gars de la région. Né et ayant grandi à Drummondville, Benjamin a été initié très jeune à l’écologie et à la protection de la faune par sa famille. Son grand-père, notamment. En effet, celui-ci amenait ses petits-enfants le long du lac Saint-Pierre, là où se pratiquait la pêche à la perchaude, et se faisait un devoir d’évoquer, entre autres, l’importance de protéger et de respecter ce que la nature nous offre.

C’est bien imprégné de ces valeurs que le jeune Benjamin est devenu grand et qu’il s’est inscrit au CÉGEP pour y compléter une technique en informatique. Diplômé, c’est rapidement qu’il a été employé comme technicien en soutien informatique dans une commission scolaire. Bientôt toutefois, un constat s’est présenté à lui : « je trouvais mon temps mal investi par rapport à l’impact que j’aimerais réellement avoir », révèle Benjamin.

Dis par un jeune homme d’une vingtaine d’années, ça surprend ! Il faut dire qu’à cette époque, il s’implique activement au sein du mouvement Greenpeace. Participant à quelques manifestations ici et là, c’est du côté de la Gaspésie, lors d’une manifestation consistant à bloquer le départ des pêcheurs, qu’il a eu l’étincelle qu’il attendait sans le savoir.

« J’ai oublié les détails, mais, en gros, c’est un pêcheur qui m’a fait comprendre par une phrase très simple que ce n’est pas en les empêchant de partir ce matin-là que j’allais résoudre les problèmes en matière de pêcheries. C’est ça, le déclic que j’ai eu », se rappelle-t-il.

Déclic qui correspond aussi à l’arrivée de son premier enfant. C’est à cette époque qu’il s’est dit qu’il se devait d’en faire plus pour son avenir à elle, sa fille.

Toujours est-il qu’il est retourné aux études en biologie à l’UQTR avec l’objectif ultime de faire l’élevage de poissons. Jusqu’à ce qu’il réalise que faire de l’élevage de poissons, au Québec, c’est polluant. En fait, les enjeux résident dans la gestion des rejets. C’est pourquoi Benjamin a souhaité faire encore plus d’études pour arriver à maîtriser des techniques à la hauteur de l’impact qu’il souhaite avoir. Qu’il soit question d’aquaculture en recirculation ou d’aquaponie, plus rien n’a de secret pour Benjamin. Des études, il en a fait beaucoup.

Je nous transporte maintenant en Bretagne rurale où a grandi l’acolyte de Benjamin, Julien Le Net. Julien a étudié en ingénierie de l’agroalimentaire et s’est spécialisé en insécurité alimentaire et en projets d’impact social. Résidant au Québec depuis près d’une décennie, Julien a plusieurs cordes à son arc. Il a même déjà produit un documentaire traitant de l’agriculture en Afrique.

Qu’est-ce que l’aquaponie ?

Avant d’aller plus loin, expliquons que l’aquaponie est une méthode de production de poissons et de plantes dans le même système. Les déchets produits par les poissons sont transformés et utilisés comme source de nutriments pour les plantes tout en maintenant un environnement sain pour les poissons.

Quelques avantages

Au chapitre des bénéfices, mentionnons que l’aquaponie commerciale utilise de 70 à 90 % moins d’eau que les formes d’agriculture industrielle. Elle permet aussi de réduire considérablement l’utilisation d’engrais chimiques et de protéger nos lacs et rivières en réduisant les déchets organiques et les éléments nocifs pour nos plans d’eau. De plus, une ferme aquaponique commerciale ne nécessite pas de sols fertiles, ni l’utilisation de produits phytosanitaires pour les cultures ce qui permet la préservation des sols et de l’environnement.

Par ailleurs, les systèmes aquaponiques commerciaux peuvent être implantés dans une variété de lieux : ruraux ou urbains. Cette proximité réduit la distance d’acheminement des aliments aux consommateur·trices et leur assure un accès à des produits frais, sains et locaux tout au long de l’année.

Depuis sa fondation, ÉAU a accompagné la création de fermes aquaponiques au Québec, en Europe et en Afrique subsaharienne. Qu’est-ce que ça veut dire, exactement ? Ça comprend la fourniture des plans, l’accompagnement en matière de lois et règlements, l’aide à la recherche de financement, les services-conseils pendant la construction et la mise en marche, etc. Par ailleurs, l’organisation optimise l’aspect de l’impact social en proposant des stratégies pour tous les projets.

Par exemple, il y a la ferme aquaponique « Agriculture du coin » dont la construction va débuter très prochainement à Montréal. Celle-ci a fait l’objet de plans adaptés à l’infrastructure centenaire du bâtiment et à sa taille relativement réduite. Les installations feront face à la vitrine donnant sur le trottoir, de façon à ce que les passant·es puissent voir les systèmes. De plus, le local adjacent sera occupé par un café qui mentionnera que ses légumes, herbes et poissons proviennent du local d’à côté ! N’est-ce pas beau, ça ? On protège l’environnement, on produit des aliments et on permet l’ouverture d’un commerce qui bénéficie d’un approvisionnement rapide et facile, à un moindre coût. Quand on parle d’impact, on peut dire qu’ÉAU en a tout un !

Benjamin et Julien, qui sont maintenant entourés d’une équipe de professionnel·les aguerris, n’ont pas fini d’imaginer et de créer des innovations s’adressant aux agriculteurs aquaponiques.

À titre d’exemple, Benjamin a développé un nouveau cultivar de piment dont le format, plus petit, convient très bien aux installations aquaponiques. De plus, ils ont développé un système de monitoring intégrant l’intelligence artificielle, le MAIA (Maîtrise de l’Aquaponie par l’Intelligence Artificielle), qui permet notamment de soutenir les opérateurs des fermes et de recueillir des données à partir des différentes fermes aquaponiques existantes et de les analyser pour saisir l’origine d’un enjeu et trouver des solutions pour le surmonter. 

« Il y a des innovations de fou qu’on a faites au fil des années. On a vraiment un système et une technologie optimales. Si on simplifie, on peut dire que chaque atome qui rentre sort presque uniquement en poissons et en plantes. Quasiment aucun rejet. En fait, nos systèmes sont encore plus cool que vous pensez ! », s’exclame fièrement Benjamin.

Bien sûr, il y a des enjeux. Les coûts d’implantation de telles installations sont importants. C’est le cas pour tous les projets agricoles conventionnels et industriels. Toutefois, les entrepreneur·es ont confiance que l’avancée des technologies et les recherches actuelles permettront d’atténuer cet obstacle pour l’aquaponie.

Benjamin est clair, sa volonté est de trouver des solutions durables à l’alimentation des Québécois·es. Si, à son départ à la retraite, ils ont réussi à voir chaque ville d’importance au Québec doté d’une ferme aquaponique, il pourra se dire « Mission accomplie ! ».

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Benjamin et Julien ont pu s’appuyer sur l’expérience et le savoir-faire de la directrice régionale de Montréal, Lynn McDonald, qui guide chacune de ses interactions par une écoute attentive et une compréhension approfondie des besoins spécifiques des clientes et clients. Cette approche centrée sur les client·es crée des relations durables basées sur la confiance et la satisfaction mutuelle.

Grâce à l’engagement de précieux partenaires : Économie Québec, par l’entremise de son mandataire Investissement Québec, le gouvernement du Canada, la Banque Nationale, la Banque de développement du Canada (BDC), le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, Evol dispose d’une enveloppe d’envergure pour soutenir, par le biais de prêts conventionnels, des entreprises à propriété inclusive et diversifiée, générant des impacts sociaux et environnementaux positifs alignés sur les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD).

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