« Ha oui ! Le 8 mars, c’est la journée de la femme ! J’imagine que je dois t’acheter des fleurs ? »
« Merci de la délicate attention, mais non, ce n’est pas la journée de la femme. Et non, ne m’achète pas de fleurs… »
Connue pendant des décennies comme la « Journée internationale des femmes », le 8 mars porte désormais l’appellation de la « Journée internationale des droits des femmes ». Loin d’exister à des fins commerciales, l’objectif de cette importante journée est plutôt de dénoncer les discriminations que subissent les femmes et les inégalités qui persistent encore en 2020.
Alors, oublions le chocolat, les manucures, les massages et les fleurs et parlons plutôt des droits des femmes.
Quelles inégalités?
La situation des femmes s’est nettement améliorée au cours des dernières années et nous ne pouvons que nous en réjouir! Toutefois, plusieurs inégalités subsistent toujours. En cette journée importante, voici un portrait de la situation.
Cette journée sert aussi à dénoncer les discriminations, les injustices et les violences vécues par les femmes (au Canada, une femme sur deux a déjà été victime de violence physique ou sexuelle), mais mon regard portera plutôt sur les discriminations et les inégalités dans les sphères professionnelle et entrepreneuriale.
Pensons à l’accès des femmes aux postes de direction et à la propriété d’entreprise. (Le fameux plafond de verre!) C’est le cas également lorsqu’on parle de revenu et de rémunération (Oui! Oui! Encore…) Regardons la situation de plus près.
Les femmes aux postes
Malgré leur haut niveau de scolarité, les femmes demeurent en minorité dans les postes de direction et dans les positions décisionnelles. Pourtant, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à détenir un grade universitaire (28 % vs 23 %).
Alors qu’elles sont bien présentes sur les bancs d’école, elles brillent par leur absence et demeurent sous-représentées dans les conseils d’administration et à la haute direction des sociétés inscrites en bourse, au Québec comme au Canada. La proportion des femmes dans les conseils d’administration étant seulement à 20 % et à 19,5 % à la haute direction des sociétés inscrites en bourse.
Le fossé entrepreneurial
Saviez-vous que seulement 13,6 % des entreprises du Québec sont détenues à 100 % par une ou des femmes, comparativement à 64,9 % des entreprises qui sont détenues par leurs homologues masculins?
De plus, on compte 6,2 femmes propriétaires d’entreprise pour 10 hommes (tout pourcentage de propriété confondu). Par chance que les femmes démontrent de plus en plus l’intention d’entreprendre!
Écart de statut, écart de revenu
J’entends souvent (à tort) qu’il n’existe plus de problèmes d’équité salariale. Ma lecture du plus récent Portrait des Québécoises, publié par le Conseil du statut de la femme, m’apprenait que les femmes reçoivent, dès leur entrée sur le marché du travail, un salaire moyen inférieur à celui des hommes. (Par exemple, en 2017, le salaire hebdomadaire des femmes ayant obtenu un baccalauréat en 2015 et travaillant à temps plein correspond à 89,5 % de celui de leurs homologues masculins.)
Aussi, lorsque nous regardons la rémunération horaire moyenne des femmes et celle des hommes, on constate que les femmes touchent en moyenne 23,58 $ l’heure, par rapport à 26,25 $ l’heure pour les hommes et les entreprises à propriété féminine enregistrent un revenu annuel inférieur de 58 k$ par rapport aux entreprises à propriété masculine.
La charge mentale, j’en parle?
J’ai mentionné que je me concentrerais sur les sujets d’ordre professionnel et entrepreneurial. Toutefois, comment séparer ces sujets des sphères personnelle et familiale (surtout lorsqu’on est une femme, j’ai envie de dire…)
Bien que les hommes participent de plus en plus aux tâches ménagères (mes salutations à mon conjoint qui cuisine tous les jours pour la famille), la majorité de la charge familiale repose encore (trop) sur les femmes.
Elles y consacrent en effet 3 h 29 par jours, alors que pour les hommes ce sont 2 h 27. L’écart est particulièrement prononcé entre les mères et les pères de jeunes enfants. Les mères d’enfants de 4 ans et moins consacrent 5 h 20 par jour aux obligations familiales, alors que les hommes y consacrent 3 h 26. (Merci, Dave, de contribuer à diminuer l’écart!)
Venons-en aux fleurs.
Est-ce qu’il y a un lien entre le fait que les femmes soient femmes et mères et le fait qu’elles accèdent en moins grand nombre à des postes décisionnels et qu’elles gagnent un salaire inférieur? Est-ce qu’il y a un lien entre le fait que les femmes soient femmes et mères et le fait qu’elles entreprennent moins, et avec moins d’ampleur, que les hommes?
Je ne peux l’affirmer avec certitude (il y a tellement de sous-facteurs à évaluer et sur lesquels il faudrait échanger!), mais chose certaine : je souhaite inculquer à ma fille que tout est possible pour elle.
J’ai envie de lui dire que lorsqu’elle sera en âge d’intégrer le marché du travail, elle aura droit au même traitement que ses collègues masculins. Que si elle souhaite devenir dirigeante, rien ni personne ne pourra lui barrer la route. Que si elle souhaite entreprendre, elle aura accès à autant de ressources (financières, aussi) que ses homologues masculins. Et que si elle souhaite réaliser toutes ses ambitions, en plus de faire la chose la plus extraordinaire du monde (à mon avis), soit devenir maman, elle aura autant de chances de réussir. Je veux nourrir sa confiance, la guider, lui dire que tout est possible.
J’ai le souhait de faire comme on le fait avec les petites fleurs qu’on veut voir grandir, les petites fleurs qu’on veut voir se tenir debout, danser devant le soleil et ne pas s’incliner sous une pluie torrentielle.
Je veux l’arroser, la voir grandir et s’épanouir.
En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, n’achetez pas de fleurs : arrosez-les…
Sources : Statistique Canada, Fondation canadienne des femmes, Portrait des Québécoises (Conseil du statut de la femme), Indice entrepreneurial, Étude Paypal, GEM