Réchauffement climatique, acidification des océans, perte de la biodiversité… Plusieurs d’entre nous sont préoccupé·es et inquiet·es face à tous ces bouleversements. Pour Christian Poudrier, aujourd’hui PDG d’Enerprox, la seule façon de demeurer optimiste pour le futur est de passer à l’action.
« L’absence d’anxiété [face aux changements climatiques] est beaucoup plus préoccupante que l’anxiété en soi. (…) La peur issue de la prise de conscience est un super pouvoir d’anticipation. Elle résulte d’une capacité à se projeter dans le temps. Nous travaillons chaque jour avec un sentiment d’urgence, espérant contribuer à créer un futur inspirant pour nos enfants. Mais faire de l’entrepreneuriat d’impact, ça demeure un acte de foi », confie Christian.
En 2015, Christian et sa conjointe, Audrey Corriveau, sont devenu·es propriétaires de deux petites écoles Vision.
Rapidement, Audrey et Christian constatent que La petite école Vision de Victoriaville est chauffée au combustible fossile, comme c’est le cas de plusieurs établissements scolaires au Québec.
Christian a alors eu l’idée de développer une thermopompe qui fonctionne avec l’énergie hydroélectrique et solaire.
Enerprox est née avec l’objectif de chauffer, climatiser et ventiler les grands bâtiments, les écoles et les serres de manière plus écologique et intelligente.
Pour assurer le succès de l’entreprise, Audrey et Christian misent sur une vision à long terme. La gouvernance de l’organisation est basée sur les principes du développement durable. Le but est d’atteindre un équilibre au niveau des aspects économiques, environnementaux et sociétaux.
« On doit résister à cette tentation de générer des profits à court terme, en faisant fi de nos valeurs et des raisons pour lesquelles on le fait », affirme Christian.
Audrey et Christian ont bien l’intention de poursuivre leur objectif de départ : réduire les émissions de gaz à effet de serre et accélérer la transition énergétique de la province tout en créant de la richesse pour la collectivité.
Le problème du chauffage au combustible
Au Québec, on a tendance à croire que les grands bâtiments sont tous chauffés à l’électricité. Mais ce n’est pas le cas.
Contrairement à nos maisons qui sont dotées pour la plupart de plinthes électriques, les grands bâtiments se chauffent généralement aux combustibles fossiles. Principalement au gaz naturel.
« La majorité se raccorde au gaz naturel lorsque le réseau est accessible. Au Québec, c’est approximativement 2 milliards $ par année qui sont dépensés pour s’approvisionner en combustibles », affirme Christian.
Les grands bâtiments émettent 10 % des gaz à effet de serre du Québec. La consommation de combustibles par un bâtiment bien ventilé de 100 000 p2 peut se comparer à une centaine de voitures qui circulent sur nos routes par année.
La décarbonation des bâtiments des secteurs industriel et agroalimentaire est donc essentielle pour réaliser notre objectif ambitieux de carboneutralité d’ici 2050. C’est-à-dire de ne plus émettre de gaz à effet de serre (GES) ou de compenser nos émissions de GES pour en arriver à zéro émission nette.
« On se doit d’atteindre nos cibles de réduction de gaz à effet de serre. On est responsables de décarboner nos grands bâtiments pour assurer un avenir décent aux générations futures », rappelle Christian.
Pour Audrey et Christian, la solution passe par les thermopompes.
Même comparée au système de chauffage résistif conventionnel comme les plinthes électriques, la thermopompe s’avère avantageuse. Puisqu’elle est de 2 à 3 fois plus efficace, selon le contexte d’utilisation.
Le défi maintenant, c’est de déployer cette solution de manière rapide, à grande échelle à travers le Québec et avec le moins d’impact possible sur le réseau électrique existant.
« Si on veut atteindre nos cibles de réduction de gaz à effet de serre, c’est-à-dire 37,5 % d’ici 2030 — c’est demain matin ça ! — la réalité c’est qu’on ne peut pas s’improviser à faire du prototypage pour chaque bâtiment et sur des milliers de bâtiments. On se doit d’élaborer une solution “IKEA”, faite de modèles préfabriqués, et déployer rapidement la technologie. Il faut être extrêmement efficaces pour atteindre nos cibles, car la transition énergétique est un chantier colossal et nous devons agir en mode urgence », affirme Christian.
Enerprox a donc développé des thermopompes « modulaires » — ou plug and play comme dit Christian — posées sur les toits ou au sol selon le type de bâtiment. Tout est assemblé en atelier plutôt qu’en chantier.
« Même si le processus est standardisé, c’est une solution adaptable selon les différents milieux. Tout a été pensé pour réduire les temps d’installation », renchérit Audrey.
Une thermopompe, ça mange quoi en hiver ?
Alors qu’une plinthe électrique produit de la chaleur, une thermopompe la déplace de l’extérieur vers l’intérieur du bâtiment.
Elle puise l’énergie de l’air ambiant, elle en élève la température et la chaleur est ensuite diffusée dans le bâtiment.
Enerprox a créé une thermopompe avec des panneaux solaires photovoltaïques thermiques (PVT) adaptée au climat nordique. Son fonctionnement s’apparente à celui d’une thermopompe « classique », mais à la différence que l’énergie solaire est mise à contribution et que des algorithmes intelligents optimisent le fonctionnement du système en temps réel.
« Pour résumer, on s’alimente avec l’hydroélectricité, on s’appuie sur l’énergie solaire pour améliorer les performances et la sécurité du système, on récupère les rejets thermiques qui sortent du bâtiment et on vient chauffer le bâtiment avec des tuyaux d’eau glycolée qui diffusent la chaleur (ou le froid) dans le bâtiment », explique Christian.
Au-delà de la thermopompe, Enerprox a aussi développé un « jumeau numérique » pour générer des simulations énergétiques. Le logiciel intelligent permet notamment de concevoir des systèmes adaptés aux exigences énergétiques de chaque bâtiment.
Grâce à ce logiciel, Enerprox recrée virtuellement le bâtiment (isolation, fenêtres, taux d’humidité intérieur, etc.) et évalue les besoins de chauffage ou de climatisation pour chaque heure de la journée.
L’algorithme conçu par Enerprox prend des microdécisions automatisées pour optimiser la performance énergétique selon les habitudes des occupant·es du bâtiment, la température extérieure et plusieurs autres facteurs.
Tout ça contribue à réduire la consommation d’énergie à la source. Peu importe le bâtiment.
Un environnement de vie sain
Pour Audrey et Christian, les thermopompes n’ont pas que le pouvoir de diminuer l’émission de gaz à effet de serre. Elles contribuent aussi à améliorer notre environnement de vie et notre santé.
On peut entre autres penser au milieu scolaire. La qualité de l’air dans les écoles du Québec fait souvent les manchettes. Encore récemment, on apprenait que la norme « adéquate » de CO2 a été dépassée dans plus de 5 000 classes.
« Il y a une opportunité pour les écoles de réaliser des économies de factures énergétiques et de réduire les gaz à effet de serre, mais aussi de créer des lieux de vie sains, confortables et agréables. Des classes où on peut vivre une belle expérience. (…) Le contrôle de la température et la qualité de l’air sont primordiaux pour offrir à nos enfants un environnement propice à leurs apprentissages », ajoute Christian.
En plus des grands bâtiments et des écoles, Enerprox offre aussi des solutions pour les producteurs en serres. Audrey et Christian ont entre autres eu pour mandat de recréer un climat pour la culture de figues. La solution de chauffage et de déshumidification est basée sur l’intégration de thermopompes efficaces contrôlée par des algorithmes avancés.
« Plusieurs serres fonctionnent avec le combustible fossile. Chez Enerprox, on a développé une solution spécifique pour les serres qui favorisent l’autonomie alimentaire. La notion de santé globale et de richesse collective est au cœur de tout ce qu’on fait », affirme Audrey.
Enerprox se concentre pour l’instant sur les projets de grande envergure pour avoir un « impact rapide et percutant » tout en assurant la rentabilité de leur entreprise.
Mais Audrey et Christian ont pour vision de répondre aux besoins de tous les bâtiments, incluant éventuellement le secteur résidentiel.
Vous pourriez donc, vous aussi, vous retrouver un jour avec une thermopompe Enerprox pour chauffer l’air et l’eau de votre maison.
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Grâce à l’engagement de précieux partenaires : Économie Québec, par l’entremise de son mandataire Investissement Québec, la Banque Nationale, la Banque de développement du Canada (BDC), le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, Evol dispose d’une enveloppe d’envergure pour soutenir, par le biais de prêts conventionnels, des entreprises à propriété inclusive et diversifiée, générant des impacts sociaux et environnementaux positifs alignés sur les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD).
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Pour en savoir davantage sur Enerprox
Charles Saliba-Couture
Copywriter, Les mots pour la cause
Charles est copywriter. Ou rédacteur persuasif en français. Il travaille à son compte depuis 2020 et met ses mots au service d’OBNL, de fondations et d’entreprises qui portent toutes sortes de causes sociales. Avec son entreprise Les mots pour la cause, Charles s’est donné comme objectif d’en finir avec l’indifférence. Il offre des services de copywriting et de coaching pour apprendre à persuader avec les mots. Charles accompagne aussi des organisations qui souhaitent adopter l’écriture inclusive (formations, outils, guide, politique, etc.).