Portrait de Tatiana Zinga Botao, cofondatrice du Théâtre de la Sentinelle
Surveiller, défendre, protéger : dans le vocabulaire militaire, c’est le rôle qu’exerce une sentinelle — et c’est aussi le principe fondateur de la compagnie théâtrale de Tatiana Zinga Botao. Portrait d’une trentenaire engagée et rassembleuse, qui s’est donné pour mission de faire briller les personnes racisées sous le feu des projecteurs.
« J’ai créé ma compagnie de théâtre en 2017 avec le comédien Lyndz Dantiste, avec qui j’ai étudié au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Après notre graduation, nous avons été déçus de constater que peu de rôles de premier plan s’offraient à nous. Sans parler des auditions, très limitées pour les acteurs de la diversité. » Ensemble, ils décident de prendre les choses en main et fondent le Théâtre de la Sentinelle. « Notre but est de promouvoir la diversité québécoise en favorisant l’inclusion de tous ses acteurs, et plus particulièrement ceux qui sont invisibilisés, comme les acteurs noirs, autochtones ou de différentes origines ethniques. »
Art et entrepreneuriat
La comédienne, qui s’est distinguée dans de nombreuses productions théâtrales (Coriolan de Robert Lepage, L’Énéide d’Olivier Kemeid), télévisuelles (Nouvelle adresse et District 31, notamment) et cinématographiques (Jeune Juliette d’Anne Émond), est donc devenue entrepreneure. La fougue et l’audace qui ont capté l’attention des metteurs en scène et d’un vaste auditoire, combinées à son enthousiasme rassembleur, jouent d’ailleurs un rôle crucial dans le succès de ce projet qui lui tient à cœur. Car la mission du théâtre touche personnellement celle qui est née au Congo et qui a émigré au Québec via la Belgique il y a de cela dix ans. « J’ai fondé ma compagnie parce que je suis convaincue qu’on n’est jamais si bien servie que par soi-même ! »
Défendre sans relâche l’équité et l’inclusion
Le théâtre de la Sentinelle répond clairement à un objectif majeur de développement durable de l’ONU, qui est la réduction des inégalités basées sur le sexe, l’âge, le handicap et l’appartenance religieuse, ainsi que l’origine sociale ou ethnique. L’organisme offre des séances de coaching gratuites aux jeunes issus de milieux défavorisés ou de communautés marginalisées qui s’intéressent aux métiers de la scène afin de leur permettre de se préparer adéquatement aux concours d’entrée des écoles de théâtre. Et ce n’est pas tout : la Sentinelle propulse les gens de théâtre et les comédiens sur le marché du travail en leur offrant de belles opportunités d’emploi ainsi que des rôles de premier plan.
Girl power !
La mission du théâtre fait partie intégrante de sa structure organisationnelle. « L’équité est pour nous une valeur prioritaire. À l’exception de notre directeur artistique, Philippe Racine, notre organisme emploie majoritairement des femmes, que ce soit en création, en écriture ou en administration. Girl power ! Notre volonté est de promouvoir une représentation juste de la société québécoise dans notre compagnie, sur nos scènes et dans les médias culturels. Parce que, ce qui fait la richesse du Québec, c’est justement sa diversité. »
Lorsqu’elle a su qu’elle avait été retenue par la campagne 100 femmes qui changent le monde, Tatiana a été aussi heureuse qu’étonnée. « Peut-être parce qu’en tant que directrice d’une compagnie de théâtre, je me sens moins entrepreneure. Mais, en fait, je pense bien que l’art est un formidable levier pour changer les choses ! »
Pour plus d’information : Sentinelle