Marie-Josée Richer, cofondatrice de Prana et ambassadrice de la campagne « 100 entrepreneures qui changent le monde »

Marie-Josée n’avait que 24 ans lorsqu’elle a fondé l’entreprise de collations biologiques, véganes et équitables à l’origine d’un véritable mouvement de snacktivisme. Prana – qui signifie « énergie vitale » en sanscrit – répond à de nombreux objectifs de développement durable fixés par l’ONU, et tout particulièrement à celui de la consommation et de la production responsables. Rencontre avec une leader inspirante qui sait concilier réussite en affaires et responsabilité socio-environnementale.

C’est en 2005, après un long séjour en Asie (dont trois années passées en Inde, où elle a tenu un resto, adopté l’alimentation végé et rencontré son futur mari et partenaire d’affaires), que Marie-Josée Richer a lancé son entreprise. « En rentrant à Montréal, j’ai constaté à quel point les citoyens d’Amérique du Nord ne mesurent pas l’impact de leur alimentation non seulement sur leur santé, mais aussi sur la santé de l’environnement, des agriculteurs et des communautés d’ici et d’ailleurs. »

Une entreprise locale et responsable

En cherchant à se procurer des collations santé, la cofondatrice de Prana constate que ce qui était offert au Québec provenait principalement des États-Unis. L’éclair de génie : « Je me suis dit que nous serions capables d’en fabriquer ici, à Montréal, à notre façon, et d’avoir un impact positif sur la vie des gens en leur fournissant de bons aliments. C’est avec cette intention que nous avons démarré Prana. » 

Le concept à l’origine de Prana est clair et simple, comme c’est si souvent le cas pour les entreprises à succès. « À partir de produits locaux et d’ingrédients importés des quatre coins du monde, nous créons des collations santé véganes et biologiques, telles que des croustilles de noix de coco, des écorces de chocolat, du beurre de noisettes ou encore des mélanges de randonnée. » Treize ans plus tard, la PME compte une centaine d’employés, exporte ses produits aux États-Unis et en Europe, et fait actuellement une belle percée du côté de l’Asie, notamment au Japon. Un beau success-story québécois !

Viser le succès financier et le bien commun

Dans un secteur d’affaires ultra compétitif comme celui de l’alimentation, trouver le juste équilibre entre la rentabilité et l’impact socio-écologique n’est pas évident. « C’est possible, Prana en est la preuve. Ce n’est pas toujours facile d’être une entreprise progressiste et d’aligner les trois P – profits, personnes, planète –, mais c’est nécessaire. Notre ligne directrice mise sur trois axes : promouvoir l’agriculture durable, innover pour changer notre façon de consommer et réduire notre impact environnemental direct. Ce sont des choix pleinement conscients, qui font partie de notre stratégie, et qui nourrissent notre modèle d’affaires. Mon conjoint et moi, nous considérons notre entreprise comme un outil de changement sociétal. »

Prana est une société certifiée B Corp, le mouvement mondial qui définit des entreprises à but lucratif agissant dans l’intérêt public, pour le bien de la société et de l’environnement. Pour décrocher la certification, il faut obtenir un minimum de 80 points sur 200 en participant à un questionnaire d’évaluation, ce que Prana a fait en 2015. « On voulait mesurer notre performance autrement qu’à travers la loupe de la rentabilité. On se trouvait bien bons, on pensait qu’on allait “’scorer”’, et on a eu… 81 points. Mais c’est incroyable comme cet exercice a créé un mouvement fort à l’interne : tout le monde s’est rallié aux objectifs socio-environnementaux. »

Un mode de gestion qui mise sur l’humain

« Nous exerçons un leadership conscient, guidé par des valeurs humanistes, où nous sommes à l’écoute de nos employés. Le mot d’ordre, c’est la coopération, et notre philosophie est participative. » La direction a ainsi mis en place des programmes d’actionnariat et de partage des profits pour ses employés, et elle pratique en tout temps un mode de gestion transparent. Les résultats financiers sont partagés avec les équipes, et la rétroaction est encouragée. « C’est ce qui permet à tous les employés de comprendre les différentes sphères de l’entreprise et de mesurer l’importance de leur travail. Je ne comprends pas les entreprises qui cachent leurs chiffres et leurs résultats. Pourquoi garder ça au niveau de la gouvernance? De quoi a-t-on peur, finalement? »

Prendre un temps d’arrêt pour mieux repartir

Comment Marie-Josée, mère de trois enfants, arrive-t-elle à concilier convictions, entrepreneuriat et gestion familiale ? « Du mieux que je peux ! Par choix, je n’ai personne qui fait le ménage chez moi ou qui m’aide à la maison. Mon secret, c’est de travailler fort. Heureusement, j’ai de l’énergie ! Mon conseil : il faut bien s’entourer au travail, avec son équipe de direction et ses employés, comme avec les amis et la communauté. »

Phénomène rare chez les propriétaires et les dirigeants d’entreprise, la cofondatrice de Prana a pris une année sabbatique en 2017. « Je n’en pouvais plus, j’avais besoin d’air. J’ai démarré Prana à 24 ans. À 37 ans, je n’étais plus la même personne. Après une vie de workaholic et trois enfants, je ne savais plus où j’en étais. »

Marie-Josée et son conjoint sont partis en voyage avec leurs enfants sans savoir s’ils allaient revenir à temps plein au travail ou s’ils allaient plutôt confier la gouvernance de l’entreprise à quelqu’un d’autre, en se contentant de siéger au conseil d’administration (ils ont choisi la première option). « C’est important, quand on est entrepreneur, de délaisser le train-train quotidien, de ne plus être sur le pilote automatique. On n’a pas besoin de partir toute une année, il faut seulement prendre un temps d’arrêt pour se reconnecter avec ce qui nous passionne. Cette pause a fait toute la différence pour moi. À mon retour, je me suis sentie beaucoup plus à ma place, plus créative, plus inspirée, plus ambitieuse. Et plus présente dans mon entreprise. »

Pour info : PRANA

Crédit photo couverture : Radio-Canada/Yanick.Macdonald

Des ambassadrices inspirantes

Pour maximiser la force de l’impact de sa campagne, Evol s’entoure de quatre ambassadrices exceptionnelles, dont les entreprises répondent à plusieurs objectifs de développement durable de l’ONU : Marie-Josée Richer, cofondatrice de Prana (consommation et production responsable) ; Cadleen Désir, fondatrice de Déclic (éducation de qualité) ; Dorothy Rhau, fondatrice d’Audace au féminin (réduction des inégalités) ; et, enfin, Mélissa Harvey, fondatrice de Zorah Biocosmétiques (travail décent et croissance économique).

Pour en savoir plus sur ces femmes aussi motivantes qu’inspirantes, nous vous invitons à les découvrir sur notre blogue – ou en écoutant nos balados animés par Sévrine Labelle, PDG d’Evol. C’est un rendez-vous !