Entrevue réalisée dans le cadre du Mois des fiertés avec Patrick Desmarais, directeur régional de la Montérégie et président de la Fondation Émergence. Cet OBNL vise à éduquer, informer et sensibiliser la population aux réalités des membres de la communauté LGBTQ2+.
Qu’est-ce que le mois des fiertés?
C’est une célébration des fiertés de la communauté LGBTQ2+. L’idée est de mettre la table dès le début de l’été afin de parler des différentes réalités de la diversité sexuelle et de genre, soient les lesbiennes, les gais, les bisexuel⋅les, les trans, etc. Cela dit, contrairement à la majorité des grandes villes canadiennes, à Québec et à Montréal, les événements ont davantage lieu aux mois d’août et de septembre.
Rappelons-nous qu’au Canada, la décriminalisation des relations homosexuelles remonte seulement à 1969. Ça ne fait pas si longtemps! Qui plus est, comme chaque avancée a tendance à faire émerger un mouvement de répression, elle a été accompagnée de représentations médiatiques réactionnaires.
Le Mois des fiertés sert donc à nous rappeler ces combats et ces victoires comme la défense par la Charte des droits et libertés contre toutes formes de discriminations basées sur l’orientation sexuelle en 1977 et sur l’identité ou expression de genre en 2016. Puis, l’avènement d’une forme de protection pour le droit au logement, au travail, au mariage et, au fil du temps, de l’extension de cette sécurité aux autres personnes comprises dans l’acronyme LGBTQ2+.
Quelle signification ce mois revêt-il pour vous?
Certaines personnes du grand public n’en voient que l’aspect festif. Ce n’est pourtant pas une parade, mais bien une occasion dans l’année pour revenir sur la cause : pour se souvenir, célébrer, s’assurer d’éduquer et de sensibiliser la population. Oui, ça doit être festif et ça doit aussi être inclusif. Par exemple, les enfants provenant de familles homoparentales ou transparentales ont leur place et doivent sentir qu’il y a une solidarité envers eux⋅elles. Toutefois, le Mois des fiertés comporte aussi un côté politique : rappelons-nous qu’à quelques heures d’avion, il y a encore des environnements toxiques pour les personnes de la communauté LGBTQ2+.
Notons que plus d’un million de Canadien⋅ne⋅s s’identifient comme membres de la communauté LGBTQ2+. C’est beaucoup ! D’ailleurs, c’est très fort chez les 15 à 25 ans. Il y a une trentaine d’années, les sondages n’auraient pas donné les mêmes résultats. Maintenant, toute une nouvelle génération de personnes peut se permettre d’être les autres lettres, et même, le « plus » de l’acronyme. Il est essentiel d’en apprendre davantage sur leur réalité et leur vécu, d’en parler dans les entreprises, dans les écoles et de montrer les différents gestes que peuvent poser les personnes alliées.
Comment Evol a-t-elle un impact positif sur la communauté LGBTQ2+?
Femmessor comptait déjà parmi sa clientèle des personnes de la communauté LGBTQ2+. Toutefois, l’élargissement du mandat de l’organisation devenue Evol démontre son engagement à mieux soutenir cette frange de la population encore sous-représentée en entrepreneuriat afin de l’aider à atteindre son plein potentiel.
Avec cette grande diversité, ces personnes qui vivent toutes ces réalités, qu’elles soient des membres de la communauté LGBTQ2+, des personnes racisées, immigrantes, en situation de handicap, membres des Premières Nations ou Inuits, force est de constater que ce n’est pas parce qu’un individu provient d’un groupe sous-représenté qu’il est nécessairement un allié réciproque naturel. Chez Evol, je constate une réelle volonté de la part de mes collègues de participer au processus continu d’apprentissages, de discussions et d’échanges. C’est une belle bienveillance que le personnel et les entrepreneur⋅e⋅s démontrent au quotidien !
Récemment, nous étions à Expo Entrepreneurs. Des participant⋅e⋅s qui normalement ne nous l’auraient pas spécifié, se sont senti⋅e⋅s à l’aise au fil des échanges de nous mentionner leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Pouvoir nous présenter tel que nous sommes dans un grand salon, ça enlève énormément de pression. Plus besoin de nous construire une identité factice. Ne plus nous cacher, c’est bénéfique dans le sens où parfois les biais perçus proviennent justement du fait que notre interlocuteur⋅trice décèle que nous ne lui parlons pas à 100 % puisqu’une partie de notre attention est mobilisée à tenter de nous protéger.
Quand nous passons la moitié de notre existence au travail (y compris en virtuel), la crainte de nous exprimer par peur de nous échapper ou le fait de donner l’impression de mener une vie ennuyeuse à cause de toute l’information retranchée peut nous mener à de l’isolement. Évidemment, ce n’est jamais une obligation de sortir du placard, mais dans un milieu réellement inclusif comme chez Evol, c’est possible de le faire en toute confiance.
Quel souhait aimeriez-vous formuler pour l’avenir en lien avec la diversité sexuelle et de genre?
Mon souhait est qu’un jour, l’Organisation des Nations unies (ONU) qui dénonce déjà la discrimination à l’égard des personnes de la communauté LGBTQ2+ dans le cadre des crimes de guerre se dote de mécanismes qui engendrent de meilleures conditions de vie pour ces citoyen⋅ne⋅s à travers le monde afin d’éradiquer la violence dont ils⋅elles sont victimes. Pour que les gens n’aient plus à quitter leur famille, leur pays à cause de cette discrimination.
Il y a encore 69 états qui criminalisent les personnes LGBTQ2+, ce sont donc des millions d’individus qui demeurent vulnérables. Même que dans 11 de ces pays, les gens s’exposent encore à la peine de mort à cause de leur orientation sexuelle. Il faut des mécanismes de financement pour faire en sorte, de sensibiliser, d’éduquer et d’amener les états et leurs dirigeant.e.s à dépénaliser les relations amoureuses et sexuelles entre adultes consentants de toutes orientations ou expressions de genre.
Pour terminer, plus près de nous, j’aimerais aussi que les personnes de la communauté LGBTQ2+ aient confiance en leur potentiel entrepreneurial et qu’elles se sentent soutenues et encouragées dans leur parcours.