Prendre la relève d’une entreprise est un défi important, surtout lorsqu’on le fait avec l’objectif en tête d’y donner un nouveau souffle et d’y inculquer nos propres valeurs notamment celles liées au développement durable.
C’est le projet que s’est lancé Nadia-Karina Minassian lorsqu’elle a acquis le Motel Fraser en 2010 avec son conjoint et ses parents.
Découvrons l’histoire entrepreneuriale inspirante de Nadia-Karina Minassian.
Choisir la Gaspésie
Née d’une mère originaire de la Gaspésie et d’un père Arménien, Nadia-Karina a grandi à Montréal dans une maison joyeuse remplie des membres de sa famille arménienne. Elle a passé de nombreux étés en Gaspésie et ses souvenirs sont pour elle empreints d’un fort sentiment de liberté. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui l’ont poussée à faire le grand saut et à y aménager avec son conjoint qui était, lui, natif de la Gaspésie.
Cette décision est vite devenue aussi celle de ses parents qui ont fait leurs bagages pour la suivre dans son nouveau mode de vie. Tous et toutes étaient incapables de s’imaginer vivre loin les uns des autres.
Diplômée en sciences politiques et en développement régional, Nadia-Karina se taille rapidement une place professionnelle au sein du développement économique en Gaspésie.
Au fil des ans, Nadia-Karina développe un fort désir de contribuer concrètement à la santé économique de la région et pour y arriver, elle songe de plus en plus à acquérir une entreprise et à propulser celle-ci grâce à sa vision.
Devenir entrepreneure
En 2010, Nadia-Karina et ses partenaires décident d’acquérir le Motel Fraser même sans détenir d’expérience en restauration et en gestion hôtelière. En effet, le groupe d’actionnaires est parfaitement convaincu de pouvoir faire une différence dans sa région et, surtout, d’améliorer sa qualité de vie.
Enceinte lors de la transaction d’affaires, Nadia-Karina rêvait d’un mode de vie familial qui lui ressemble : être quotidiennement proche des siens, avoir une liberté d’horaire et la possibilité de jongler sans culpabilité avec une conciliation travail/famille. Être libre de faire ses propres choix était aussi l’une de ses motivations profondes.
Même si les 10 premières années ont été remplies de défis, la plus grande fierté de Nadia-Karina demeure le plaisir qu’elle a toujours eu à travailler en famille et la qualité de vie ainsi obtenue.
L’humain au coeur des actions
« Notre plus grande réussite, c’est le plaisir que nous avons tous ensemble. On voulait que ça reste le fun et c’est toujours très important pour nous », me confie-t-elle. « Au début, j’utilisais l’une des chambres pour le quotidien avec mon bébé. Ma mère est aussi très présente avec les enfants. »
La conciliation travail/famille est devenue la trame de fond des valeurs organisationnelles et teinte aujourd’hui la gestion des ressources humaines.
« C’est très important pour nous d’offrir des emplois de qualité, mais aussi d’offrir à notre équipe un environnement humain, axé sur le développement et le bien-être de tous et toutes. »
Ces choix de gestion ont assurément un impact sur la situation actuelle de l’entreprise dans le contexte plus difficile que nous vivons au niveau de la recherche de main-d’œuvre. « On ne vit pas une grande pénurie de main-d’œuvre actuellement. On a des défis, oui, mais quand je me compare à d’autres entreprises, je trouve qu’on s’en sort très bien. » D’ailleurs, l’entreprise peut compter sur un « noyau » fort d’employé·es qui y travaillent depuis plusieurs années et qui sont resté·es en poste, même au plus fort de la pandémie.
L’entreprise peut être fière de son taux de rétention moyen qui affiche 7 ans, bien que son personnel soit généralement assez jeune.
Innover pour prospérer
D’ailleurs, le Motel Fraser a été le premier établissement de la région à doter sa réception d’une technologie permettant la gestion des arrivées et départs totalement automatisée et sans contact. « Cela nous a permis de passer à travers les règles de la COVID, mais aussi de consolider des emplois. »
Nadia-Karina est animée par le désir d’innover et de toujours faire mieux. C’est pour cette raison qu’elle a débuté les démarches pour obtenir la certification Clé VerteMD de l’Association des hôteliers du Québec.
« C’est Mélanie Marin (directrice régionale d’Evol) qui m’a parlé du développement durable en premier. J’ai réalisé qu’on avait déjà certaines pratiques écoresponsables, car c’est dans nos valeurs familiales, mais elles n’étaient vraiment pas structurées en ce sens au sein de l’entreprise. »
Nadia-Karina a donc débuté ses démarches grâce à un projet mis en place par la SADC qui regroupe 4 autres établissements de la région.
« Notre plan d’action est fait. Pendant un an, on a colligé nos informations pour avoir une année de référence. On a même installé un compteur d’eau. Depuis le 1er juin, on est dans la première année du plan et on mesure nos améliorations. C’est très motivant ! »
Ce projet a aussi un impact positif sur le personnel et distingue l’entreprise comme employeur de choix.
« Notre équipe est impliquée. Je m’assure que les employé·es comprennent les raisons qui nous poussent à prendre certaines décisions afin qu’ils et elles y adhèrent et qu’on atteigne ensemble les objectifs. Je les implique, c’est important pour moi. Et cela va jusqu’aux décisions sur les dons et commandites de l’entreprise. »
L’entreprise entend aussi informer sa clientèle. « Pour le moment, on a installé un écran à la réception sur lequel on diffuse nos engagements en lien avec le développement durable. On poursuit nos réflexions sur les meilleurs moyens de faire rayonner nos actions. »
Vision d’avenir
« Je suis une développeuse et une visionnaire. Je suis motivée par l’innovation. J’ai besoin d’avoir une vision claire et de la transposer ensuite dans un plan d’action pour concrétiser les différentes étapes à réaliser. Mélanie Marin m’a mise en contact avec des professionnel·les qui m’accompagnent présentement dans la réalisation de certaines phases de mon plan, notamment la rédaction d’une politique en développement durable. Cela fait une énorme différence ! »
L’entreprise est réellement engagée dans ses démarches et Nadia est convaincue des retombées positives du point de vue environnemental, mais aussi humain et financier.
« Il faut arrêter de voir les actions en développement durable comme un surplus de tâches et plutôt les considérer comme une stratégie pour atteindre nos objectifs. Je comprends l’argument du manque de temps, on est tous et toutes très occupé·es comme chef·fes d’entreprise, mais il faut développer une vision globale et s’en servir pour nous propulser. Il faut aussi réfléchir à l’impact que nous avons avec notre entreprise, c’est notre responsabilité. »
Nadia-Karina a encore des projets plein la tête. Et elle en aura toujours, car c’est vraiment ce qui l’anime au quotidien.
« Des fois, je me dis qu’on est trop petit pour avoir accompli tout ce qu’on a réussi à faire ! Ça prouve que tout est possible ! », me dit-elle avec un sourire rempli de fierté et d’ambition.
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Grâce à l’engagement de précieux partenaires : Économie Québec, par l’entremise de son mandataire Investissement Québec, le gouvernement du Canada, la Banque Nationale, la Banque de développement du Canada (BDC), le Fonds de solidarité FTQ et Fondaction, Evol dispose d’une enveloppe d’envergure pour soutenir, par le biais de prêts conventionnels, des entreprises à propriété inclusive et diversifiée, générant des impacts sociaux et environnementaux positifs alignés sur les objectifs de développement durable de l’ONU (ODD).