Nahid Aboumansour, Fondatrice de l’OBNL Petites-Mains et coup de cœur de la campagne « 100 entrepreneures qui changent le monde »

Fondée en 1995, Petites-Mains est une entreprise d’insertion sociale offrant des formations professionnelles à des personnes en difficulté — majoritairement des femmes — qui sont immigrantes, sans emploi, monoparentales, peu scolarisées ou dont le diplôme n’est pas reconnu au Québec.

L’apprentissage d’un métier valorisant en couture industrielle, en restauration ou en bureautique leur permet de briser leur isolement, de se lancer sur le marché du travail et de s’intégrer dans la société québécoise. Rencontre avec la femme de cœur à la tête de cet organisme qui a transformé des milliers de vies.

Nahid connaît bien les défis auxquels ces femmes courageuses doivent faire face, puisqu’elle a elle-même immigré au Québec, il y a de cela trente ans. « Nouvellement arrivée, j’ai réfléchi à la meilleure façon de m’intégrer dans ma nouvelle société d’accueil tout en posant des gestes positifs, comme je le faisais dans mon pays d’origine ». Elle commence à travailler comme bénévole dans une banque alimentaire du quartier Côte-des-Neiges qui finit par fermer ses portes, mais où elle fait une rencontre décisive : sœur Denise Arsenault. « Une personne extraordinaire avec qui — et pour qui — nous avons fondé Petites-Mains. »

Des débuts difficiles

Au Liban, Nahid avait son bureau d’architecte et elle enseignait à l’université. Sa formation n’étant pas reconnue au Québec, elle a dû changer de profession en changeant de pays. « C’est l’histoire de tant d’immigrants qui doivent recommencer leur vie à zéro tout en se réinventant professionnellement ! Ce double effort demande une double dose de courage, et c’est très difficile à vivre. Même si j’ai réalisé de grandes choses et dirigé une entreprise à part entière, je ressens encore ce deuil de ma vie d’architecte. »

N’étant pas du genre à baisser les bras et à rester à la maison, elle s’investit à fond dans la banque alimentaire, où elle fait la rencontre de centaines de femmes menant une vie d’exclusion, de marginalisation et de pauvreté. « Elles disaient toutes, sans exception, qu’elles avaient immigré ici pour offrir un meilleur avenir à leur famille et que leurs enfants s’intégraient bien, mais qu’elles étaient prisonnières de la maison. Entendre ça, c’est ce qui m’a donné la force nécessaire pour renverser la vapeur, briser leur isolement et les aider à se sortir de la pauvreté. Après avoir construit des bâtiments au Liban lorsque j’étais architecte, j’ai décidé de construire des vies au Québec. »

Tout a démarré avec un atelier de couture

Petites-Mains a vu le jour avec un petit local, quatre machines à coudre et un groupe de sept femmes venues se familiariser avec la couture industrielle. Un cours qui est encore au programme aujourd’hui. « Nous formons des opératrices de machines industrielles qualifiées, un poste qui est en demande et qui leur permet de gagner leur vie tout en répondant aux besoins des entreprises québécoises. Nous offrons également une formation en cuisine et en restauration, en partenariat avec de grandes entreprises et des institutions, comme des hôpitaux ou des garderies. » Petites-Mains permet aussi aux femmes de développer les compétences nécessaires en bureautique pour travailler comme commis ou comme réceptionnistes.

Un autre volet crucial pour l’intégration des immigrantes et des immigrants est le programme de francisation offert par Petites-Mains. C’est d’ailleurs souvent le premier pas vers les programmes professionnels. Pour faciliter l’accès aux formations, Nahid est très fière d’avoir récemment réalisé un rêve en créant le CPE Royaume des Petites-Mains. « Les femmes peuvent y déposer leurs enfants pendant qu’elles apprennent le français et développent de nouvelles compétences en toute liberté. Nous répondons ainsi à tous leurs besoins. »

Une belle leçon d’économie sociale

L’apprentissage de la couture et de la cuisine ne peut se faire sans travaux pratiques. « C’est pour cette raison que nous participons à des appels d’offres et que nous prenons des commandes. Cela permet aux femmes qui suivent nos formations de couture de se perfectionner en respectant les standards de qualité des industries. Ces produits sont vendus, ils portent notre étiquette — c’est le cas pour les tabliers de la SAQ, par exemple — et les femmes qui les ont confectionnés en tirent une grande fierté. » Les étudiantes en cuisine, pour leur part, peuvent mettre la main à la pâte au café Inter-Mission et au service traiteur de l’OBNL.

Un rayonnement sans limites

Petites-Mains remplit pas moins de sept des dix-sept objectifs de développement durable de l’ONU, ce qui est tout à fait remarquable. Parmi ceux-ci, la lutte contre la pauvreté, le travail décent et la croissance économique, la réduction des inégalités, de même que l’élimination de la faim, ce qui nous ramène à la question des banques alimentaires. « Elles offrent une solution temporaire, sinon la pauvreté et la dépendance perdurent. Les banques alimentaires ne peuvent pas remplacer un emploi, et les femmes immigrantes doivent gagner leur autonomie financière pour pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Comme le dit le proverbe, lorsque quelqu’un a faim, il vaut mieux lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. C’est ça, la solution à long terme. »

Pour s’informer sur le menu du café Inter-Mission et pour découvrir les produits textiles Petites-Mains (des masques, notamment) : petitesmains.com

Des ambassadrices inspirantes et des entrepreneures « coup de cœur »

Pour maximiser la force de l’impact de sa campagne, Evol s’entoure de quatre ambassadrices exceptionnelles, dont les entreprises répondent à plusieurs objectifs de développement durable de l’ONU : Marie-Josée Richer, cofondatrice de Prana (consommation et production responsable) ; Cadleen Désir, fondatrice de Déclic (éducation de qualité) ; Dorothy Rhau, fondatrice d’Audace au féminin (réduction des inégalités) ; et, enfin, Mélissa Harvey, fondatrice de Zorah Biocosmétiques (travail décent et croissance économique).

Parmi les 100 entrepreneures retenues pour cette campagne, le jury a sélectionné 3 entrepreneures « coup de cœur » qui se démarquent par leur motivation, leur impact et l’innovation de leurs actions : Sandrine Milante (ÉcoloPharm), Nahid Aboumansour (Petites mains) et Julie Poitras-Saulnier (Loop Mission).

Pour en savoir plus sur ces femmes aussi motivantes qu’inspirantes, nous vous invitons à les découvrir sur notre blogue – ou en écoutant nos balados animés par Sévrine Labelle, PDG d’Evol. C’est un rendez-vous !