L’économie s’essouffle, le PIB se contracte, l’inflation bat des records vieux de plusieurs décennies, les taux d’intérêt explosent…
En temps difficiles, le réflexe est au pragmatisme. On se replie sur ce qu’on connaît, on réduit les dépenses inutiles et on repousse les projets à plus tard. Autrement dit, tous les à-côtés prennent le bord.
Et aux yeux de plusieurs, les initiatives de développement durable (DD) entrent dans la catégorie des à-côtés. Avec raison ? Et si c’était un facteur qui augmente notre résilience ? Voyons-y de plus près.
Les difficultés économiques que nous traversons provoquent des défis majeurs pour les dirigeants et dirigeantes d’entreprises de toutes tailles, y compris les PME. Dans un contexte où la pandémie de la COVID-19 a déjà eu un impact économique significatif sur de nombreuses entreprises, il est crucial de trouver des moyens de traverser les périodes difficiles avec succès. Et pourquoi ne pas s’y préparer ?
Si on se livrait à un petit sondage, il y a fort à parier qu’il en ressortirait les deux perceptions suivantes :
- les projets de DD coûtent plus qu’ils ne rapportent ;
- une conjoncture économique défavorable n’est pas un bon moment pour se lancer dans des initiatives de DD.
Vrai ou faux ? La réalité n’est pas toute noire ni toute blanche, et une foule de variables doivent être considérées.
En revanche, le fait d’adopter des principes durables peut offrir une couche de protection supplémentaire pour traverser les périodes plus difficiles.
Augmenter la rentabilité en réduisant les coûts
Les initiatives de développement durable peuvent contribuer à améliorer la rentabilité des entreprises, notamment par la diminution des coûts d’exploitation. Ces économies peuvent être particulièrement importantes pour les PME, qui ont souvent des marges plus faibles que les grandes entreprises.
Voici quelques exemples d’initiatives profitables :
Réduire la consommation d’énergie
Une entreprise peut investir dans des équipements moins énergivores, mettre en place des méthodes d’utilisation efficace de l’énergie, optimiser la température des locaux, se doter d’un système permettant de suivre et de contrôler la consommation d’énergie, s’assurer d’une isolation adéquate des bâtiments, etc.
Adopter des pratiques d’approvisionnement responsable
La pandémie nous a montré l’importance, et surtout la fragilité, de la chaîne d’approvisionnement. Toute perturbation en son sein peut entraîner des conséquences majeures. En choisissant des fournisseurs situés le plus près possible de l’entreprise, les frais de transport sont diminués, au même titre que l’émission des GES, et la possibilité d’être exposé·e à une rupture d’approvisionnement s’amenuise. Et si le fournisseur favorise les pratiques durables et privilégie les produits recyclables et compostables, l’impact est encore plus grand !
Mettre en place des pratiques de télétravail
À ce chapitre aussi la pandémie s’est révélée riche en enseignements. Non seulement le télétravail réduit-il les coûts inhérents aux espaces de travail et aux déplacements, mais il procure également une meilleure agilité, ce qui constitue un net avantage dans un contexte d’instabilité économique. Et ce n’est pas tout : dans une période où le recrutement de personnel est de plus en plus difficile, le télétravail permet d’élargir le champ de recherche et d’intégrer des candidat·es qui vivent à des centaines de kilomètres de vos installations.
Investir dans des équipements de qualité et réparables
Acheter de la qualité est parfois (mais pas toujours) plus cher sur le moment. Mais à moyen et long termes, c’est presque invariablement un choix financier judicieux. D’ailleurs, sur le plan environnemental, l’équipement de qualité est souvent plus robuste, moins énergivore, demande moins d’entretien et affiche un rendement supérieur.
Ces quelques exemples démontrent que l’implantation de mesures de développement durable peut contribuer à réduire les frais d’exploitation, tout en favorisant la protection de l’environnement et l’amélioration de la responsabilité sociale. Cela peut représenter un avantage particulièrement significatif dans le contexte économique difficile que nous connaissons actuellement.
Toute initiative applicable à l’entreprise mérite d’être tentée !
Se démarquer de la concurrence
De plus en plus de consommateurs et consommatrices cherchent des produits et services auprès d’entreprises plus conscientes de leur empreinte et qui se démarquent par leur respect de l’environnement et par la vision responsable du rôle qu’elles occupent dans la société. Ainsi, les entreprises ayant modifié leur culture entrepreneuriale en y intégrant des méthodes durables se placent en position d’attirer et de fidéliser cette clientèle sensible aux enjeux environnementaux et sociaux. Or, quand les temps sont plus durs, avoir une clientèle fidèle, ça n’a pas de prix.
Prévoir les changements réglementaires
N’en doutons pas, les gouvernements devront éventuellement revoir les normes réglementaires en matière d’environnement s’ils veulent renverser la tendance. Le milieu politique étant ce qu’il est, ces changements pourraient survenir n’importe quand, autant en temps de crise que de prospérité.
Ainsi, les entreprises ayant déjà entrepris le virage DD seront en bien meilleure position comparativement aux concurrents retardataires.
De plus, les entreprises qui choisissent d’elles-mêmes de modifier leurs méthodes, plutôt que d’attendre d’y être contraintes, ont un meilleur contrôle sur leur projet tout en évitant la hausse de prix que les fournisseurs adopteront assurément dans la foulée de la nouvelle réglementation.
Être à l’avant-garde en matière de DD, c’est souhaitable sur le plan éthique, mais aussi profitable au niveau de l’image de marque, des coûts et de la rentabilité de l’entreprise. De plus, l’adoption de pratiques durables dès maintenant permet d’être prêt·e à répondre aux modifications réglementaires.
Bien entendu, il ne s’agit pas de prétendre que le développement durable est une solution miracle qui protège contre les soubresauts économiques. Néanmoins, les entreprises qui appliquent une stratégie de développement concrète, qui ont des objectifs de ventes clairs et une vision durable de leur organisation sont plus susceptibles de résister aux bourrasques économiques.
Quand les temps sont durs, ce sont souvent les organisations s’appuyant sur les fondations les plus solides qui arrivent à tirer avantage de la situation.
Est-ce à dire que l’avenir appartient aux entreprises responsables ? Poser la question, c’est y répondre.