Prêt d’entreprise autorisé = Argent disponible? Vrai ou Faux

Faux!

Et c’est sans doute l’un des constats les plus importants que font les entrepreneur·e·s lors de leur premier financement d’entreprise. 

C’est bien normal que cela soit surprenant puisqu’en général, pour nos emprunts personnels, dès l’approbation, nous avons accès rapidement à l’argent.

Le processus d’un financement d’entreprise ressemble plus à un emprunt hypothécaire qui exige plusieurs intervenants (évaluateur, notaire, assureur, courtier) et de nombreux documents afin d’établir non seulement la valeur de l’immeuble mais également votre capacité de remboursement. Toutes ces démarches sont faites pour établir le risque du prêteur nonobstant que l’immeuble sera en garantie avec l’hypothèque immobilière de premier rang. Dans le jargon financier, il s’agit d’un prêt à faible risque ce qui explique les taux d’intérêt hypothécaires très bas.

En financement d’entreprise, le niveau de risque est beaucoup plus élevé puisque l’on finance le potentiel du nouveau projet ou de la nouvelle entreprise. Ainsi, on évalue le risque à partir de l’idée, de la situation de l’entrepreneur·e, et de documents comme le plan d’affaires qui incluent les hypothèses et les prévisions financières. 

De plus, les garanties d’entreprise sont souvent plus volatiles et moins tangibles que pour un immeuble, par exemple. Il s’agit, en général, des équipements, des inventaires, des matières premières, du mobilier, etc. La valeur de revente, en cas de non paiement, est beaucoup moins stable que pour l’immeuble lui-même.

Ainsi, pour obtenir l’accès aux fonds suite à un financement d’entreprise, il ne suffit pas de signer le contrat de prêt et les autres documents fournis par le prêteur.

C’est pourquoi un·e entrepreneur·e doit se préparer adéquatement lors de ses démarches en vue d’obtenir un prêt afin de s’assurer de recevoir son argent le plus rapidement possible (décaissement) après l’autorisation.

5 choses à savoir et à faire pour éviter les mauvaises surprises et les délais dans un processus de décaissement de votre prêt d’entreprise :

1- Mise de fonds

La mise de fonds est l’argent que vous investissez personnellement dans le projet que vous souhaitez financer. On parle en général de 5 % à 40 % du coût du projet.

La preuve de mise de fonds, c’est souvent l’élément le plus problématique lors du décaissement d’un prêt d’entreprise!

En fonction du partenaire avec lequel vous faites affaire, les exigences peuvent varier. Par exemple, les institutions financières ont en général accès à vos informations financières personnelles, ce qui leur permet de valider directement la mise de fonds. A contrario, si vous faites affaire avec un autre type de prêteur, comme les organismes de développement économique ou un ange financier, vous devrez fournir une preuve de votre mise de fonds.

À prendre en considération :

Chaque nouveau financement d’entreprise exige, la plupart du temps, une réinjection de fonds de la part des entrepreneur·e·s.

Quoi faire? 

Deux méthodes pour démontrer la mise de fonds :

La méthode la plus simple :

Fournir un relevé bancaire personnel qui démontre la présence du montant de mise de fonds et la sortie de cet argent ainsi que l’état du compte bancaire de l’entreprise  qui prouve l’entrée de cette somme. 

Documentation + Organisation + Temps+++ = Plus laborieux comme méthode

Dans l’éventualité où vous avez procédé à des dépenses imputables à votre projet à partir de vos fonds personnels, vous pouvez vous attendre à devoir fournir beaucoup de documents à votre prêteur. Il est probable que vous deviez produire un fichier compilant les dépenses, jumelé des factures originales ainsi que vos relevés bancaires, personnel et d’entreprise, qui prouvent que les sommes n’ont pas été remboursées par cette dernière.

D’ailleurs, certains prêteurs refusent ce type de preuve étant donné que cela exige beaucoup de temps de vérification de leur part.

À faire attention!

Peu importe la méthode utilisée, les preuves de mise de fonds doivent démontrer que l’apport de l’entrepreneur·e est récent, c’est-à-dire dans une période de 6 mois maximum avant la date de demande de prêt.

2- Assurance-vie pour l’entrepreneur·e

Dans la plupart des cas lors d’un financement d’entreprise, les prêteurs vont vous demander d’obtenir une assurance-vie pour chaque entrepreneur·e afin de couvrir le solde du prêt, et ce, pendant toute la durée du prêt.

La raison est simple! S’assurer que votre entreprise et votre héritage seront libres de cette dette en cas de décès ce qui a pour effet d’augmenter les probabilités de survie de l’entreprise et de sécuriser vos héritiers.

Quoi faire?

  • Dès que vous pensez faire un prêt d’entreprise, vous devriez amorcer vos démarches pour obtenir une assurance-vie en fonction du montant de prêt souhaité. Plus les montants sont élevés, plus les démarches sont longues comme par exemple des examens médicaux et de multiples validations des assureurs.
  • Vous devez informer l’assureur qu’une fois le financement autorisé, le prêteur devra être spécifié dans le contrat d’assurance à titre de créancier garanti afin que le solde du prêt soit remboursé directement en cas de décès.
  • Attention! L’exigence est d’avoir le contrat d’assurance, donc le document qui démontre que l’assurance est en vigueur.
3- Assurance-invalidité pour l’entrepreneur·e

Tout dépendant de votre modèle d’affaires, si vous êtes un·e solopreneur·e ou travailleur·se autonome, où les entrepreneur·e·s sont difficilement remplaçables pour assurer la survie de l’entreprise en cas d’accidents ou de maladie, une assurance-invalidité risque d’être exigée afin d’assurer le remboursement des mensualités du prêt.

En tant qu’entrepreneur·e, une assurance-invalidité est une option judicieuse afin de vous protéger en cas de problèmes de santé et d’éviter les soucis financiers, tant pour vous que pour l’entreprise.

Truc : Prévoyez demander un montant supplémentaire pour assurer vos dépenses personnelles dans un cas où l’entreprise risquerait de ne pas être en mesure de vous fournir un salaire durant votre congé.

Quoi faire?

  • Dès le début de vos démarches avec les prêteurs, validez leurs exigences!
  • Si cela est une exigence, assurez-vous d’informer l’assureur que vous êtes en démarche de financement d’entreprise et que dès que le prêt sera approuvé, le prêteur devra être identifié au contrat d’assurance en tant que créancier garanti ou cessionnaire en garantie pour le montant et la durée du prêt.
  • Encore une fois, amorcer rapidement vos démarches puisque les délais sont souvent longs pour obtenir l’approbation de l’assurance.
4- Assurances commerciales pour l’entreprise

Les assurances commerciales doivent couvrir les biens (équipements, mobilier, inventaire, etc.), l’immeuble ou le local en cas de perte, de bris et de vol. De plus, elle devrait offrir une protection pour la responsabilité civile d’au moins 2 millions de dollars. Cette couverture permet de protéger l’entreprise en cas de blessures ou de dommages causés à autrui ou aux biens d’autrui (fournisseur·euse·s, client·e·s, passant·e·s, etc.).

Pour les entreprises déjà en opération, assurez-vous de bonifier la valeur de votre police d’assurance commerciale en fonction du coût de votre nouveau projet.

Quoi faire?

  • Ne soyez pas surpris car certains secteurs d’activités sont plus difficiles à assurer.
  • Donc, approcher les assureurs dès le début de vos démarches d’affaires tant pour avoir une bonne idée des coûts réels que des obstacles potentiels pour votre entreprise

À noter : Votre prêteur demandera d’être ajouté à titre de créancier garanti sur votre assurance commerciale.

5- Fournir des documents valides avec signature

Voici une liste non exhaustive des documents les plus importants:

  • Bail ou acte de propriété.
  • Certificat et statuts de constitution ainsi que les règlements intérieurs pour les entreprises incorporées.
  • Contrat des autres financements inclus dans le montage financier.
  • Convention entre actionnaires.
  • Ententes commerciales (par exemple : entrepreneur·e général·e qui fait les rénovations ou fournisseurs pour les équipements ou les matières premières).
  • Permis requis aux opérations de l’entreprise (certificat d’occupation de la municipalité ou de la ville, MAPAQ, etc.).

Quoi faire?

  • Développer, dès le début de votre projet d’entreprise, un bon système de classement (papier et numérique) pour vous retrouver facilement.
  • Créer un dossier, idéalement numérique, pour regrouper tous les documents requis en prévision de l’obtention et du décaissement du financement.
  • Éviter d’attendre à la dernière minute pour trouver et valider la conformité des documents (contrat en vigueur, signature, document complet avec toutes les pages, etc.) que vous envoyez. Si le prêteur doit vous revenir deux, trois ou quatre fois pour obtenir les bons documents, le délai de décaissement sera plus long.
  • Demander au prêteur une liste des documents requis pour le décaissement.

À noter : Selon les partenaires financiers et la nature du projet d’entreprise, il est fort possible que des exigences supplémentaires soient demandées.

En conclusion :

Signer votre contrat de prêt d’entreprise est une étape et non la fin du processus de financement. Premièrement, vous devez fournir les documents requis pour obtenir le décaissement du prêt dans votre compte bancaire. Si le prêteur doit vous revenir deux, trois ou quatre fois pour obtenir les bons documents, prévoyez des délais de décaissement!

Deuxièmement, durant toute la durée de votre prêt, vous devrez fournir vos états financiers à chaque  trimestre et annuel ainsi qu’être disponible pour le suivi et/ou l’accompagnement du prêteur.

Être bien renseigné·e et préparé·e pour faire une demande de prêt vous rend plus crédible auprès de votre prêteur et vous permet d’obtenir les sommes dans le meilleur délai possible. 

Rappelez-vous que vous sollicitez des sommes importantes et mettez toutes les chances de votre côté pour assurer la réalisation et la pérennité de votre projet d’entreprise.