Par Mélanie Marin, directrice régionale Evol, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
En partenariat avec le cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, j’ai eu la chance d’aller offrir, en novembre dernier, trois ateliers en entrepreneuriat et développement durable dans le Delta du Saloum, au Sénégal, en Afrique.
Une expérience profondément humaine et riche de sens, qui m’a permis de constater les nombreuses similarités que nous avons avec ce peuple.
Par ailleurs, j’ai été aux premières loges pour découvrir des personnes qui, sans détenir de notions théoriques en matière de développement durable, font preuve d’un avant-gardisme surprenant. En effet, l’économie circulaire est fermement implantée dans la culture entrepreneuriale et la vie quotidienne des Sénégalais·es.
Laissez-moi vous raconter mon expérience.
Tout d’abord, j’ai eu le privilège d’être accompagnée par l’équipe sénégalaise du cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, composée d’une coordonnatrice terrain des projets, d’un expert en entrepreneuriat, d’un ambassadeur climatique et d’un responsable de l’entrepreneuriat pour chaque île que j’ai visitée. Celles-ci sont au nombre de trois : l’île de Falia, l’île de Niodior et l’île de Dionewar.
Lors de mon passage sur l’île de Niodior j’ai eu l’extraordinaire chance de séjourner dans un gîte touristique qui s’est d’abord implanté comme un projet chapeauté par le cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et qui s’est transformé au fil du temps en entreprise rentable et autonome grâce à la mobilisation de la population locale et à l’accompagnement de l’équipe du cégep.
Les diverses rencontres que j’ai pu faire en cours de route ont été des plus enrichissantes ! J’ai senti que les personnes rencontrées étaient très reconnaissantes qu’une Canadienne se déplace au Sénégal pour aller à leur rencontre.
Mais en vérité, j’ai le profond sentiment d’avoir fait autant d’apprentissages que ces personnes à travers ces échanges, tous plus riches les uns que les autres.
Adaptation
J’ai tout d’abord dû faire preuve d’une grande force d’adaptation. En effet, nombreux·ses sont les entrepreneur·es de ces régions qui sont peu scolarisé·es et qui ne maîtrisent pas la langue française. De ce fait, j’ai dû travailler en collaboration avec un interprète. Pour ma part, c’était une première ! Or, malgré ce défi, j’ose dire que j’ai réussi à établir une réelle connexion avec l’auditoire. Les échanges se sont avérés nombreux et constructifs, et ce, au-delà de mes attentes.
Certes, la chaleur accablante, autour de 40 degrés, apportait une certaine lourdeur à nos journées. Du coup, je n’ai jamais autant utilisé mon éventail ! Un achat local que je n’ai pas regretté, croyez-moi !
L’un des pans de mon voyage qui m’a le plus frappée, c’est de voir les femmes qui accomplissent leur ouvrage entourées de leurs jeunes enfants. Pour elles, c’est tout à fait naturel, bien que régulièrement, leurs familles puissent prendre le relais. C’est donc dire que j’ai constamment été entourée d’enfants de tous âges, même lors d’animations. Entendre ces enfants, les voir jouer et courir fait partie de leur quotidien au travail. De constater que le tout se déroule dans la joie et le bonheur, alors que c’est souvent un facteur de stress pour nous de jongler avec les deux situations, m’a assurément conquise. Honnêtement, j’ai dû faire appel à toute ma concentration pour arriver à livrer mon contenu tant j’ai trouvé beau de les voir ainsi. Pour tout dire, cela m’a beaucoup inspirée.
Vous ai-je dit que, pour se déplacer d’une île à l’autre, on doit prendre soit une charrette tirée par un cheval ou un âne, soit une pirogue ? Et c’est principalement de jeunes garçons qui ne fréquentent plus l’école qui nous conduisent pour ces déplacements. Pour eux, c’est un moyen de s’initier à des travaux manuels dès le jeune âge lorsqu’ils n’aiment pas l’école.
Le développement durable
À ma grande surprise, j’ai aussi ressenti le fameux syndrome de l’imposteur. Les personnes que j’ai rencontrées ne connaissent peut-être pas les théories sur le développement durable, mais croyez-moi, elles pourraient nous en apprendre énormément sur les principes pratiques ! J’ai donc croisé de véritables expert·es en économie circulaire. Réutilisation, compostage et transformation font partie de leur culture. Les résidus d’une entreprise sont utilisés comme matière première par une autre. Pour moi, cette observation a réellement été inspirante.
Autant le dire, j’étais impressionnée. Mis à part le plastique, il n’y a aucun déchet généré. Actuellement,, aucune méthode de gestion des matières résiduelles n’existe. Les déchets de plastique sont tout simplement brûlés.
Étant principalement constituée de travailleur·euses manuel·les, cette communauté s’avère moins familière avec des concepts tels que gouvernance, mission, vision et valeurs dans une optique durable. Sous cet angle, nous avons vivement échangé ! Des discussions riches ont eu lieu et j’ai été à même de ressentir leur grande volonté de contribuer à leur communauté et leur engagement en ce sens.
Entreprises visitées
Au surplus, j’ai eu le grand privilège d’en apprendre davantage sur des entreprises de différents secteurs d’activité : entreprises maraîchères, d’élevage de volailles, d’ostréiculture (élevage des huîtres), des unités de transformation de mollusque, céréales, fruits et plantes et un projet de pisciculture. J’ai d’ailleurs visité plusieurs d’entre elles.
Les interventions du cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine se font dans le respect des coutumes locales, mais elles apportent des idées ayant le potentiel d’améliorer les processus de travail et les conditions de vie des femmes.
En définitive, j’ai découvert des gens de cœur à l’esprit familial fort, croyant·es, travaillant·es et ouvert·e aux apprentissages.
Cette expérience m’a définitivement transformée au niveau personnel et j’espère sincèrement que vous remarquerez ce changement dans mon travail au quotidien.
N’hésitez pas à m’en parler, mes yeux brilleront certainement à vous en parler tellement cette expérience m’a comblée et m’a remplie de gratitude.
Pour plus d’informations sur la coopération internationale du cégep: https://cegepgim.ca/cooperation-internationale/